Les journées cinématographiques de Carthage (Jcc 2010) démarrent aujourd’hui. Elles se poursuivront jusqu’au 31 octobre. Huit jours de trépignement, de rencontres, de rêves, et de bonheur urbain. Par Bouzid


Les Jcc, cette manifestation culturelle tant attendu par les cinéphiles est, sans aucun doute, l’une des plus importantes du pays. Durant ces journées, le centre-ville de Tunis connaît une animation exceptionnelle et la culture y reprend ses lettres de noblesse. Comme jadis… 

Les salles obscures retrouvent leur âme
Il fut, en effet, un temps ou le centre-ville de la capitale avec ses commerces, ses bars, ses cafés, son théâtre, sa grande librairie et ses multiples salles de cinémas accaparaient l’essentiel de l’animation culturelle et commerciale de la capitale. Malgré la rénovation de l’avenue Habib Bourguiba, le centre-ville de Tunis a beaucoup perdu de son attrait, tant commercial que pour les loisirs, et les Tunisois préfèrent désormais se balader au quartier des Berges du Lac ou à la Cité Ennasr avec ses innombrables salons de thé.
Les salles de cinéma qui se concentraient au centre-ville n’ont pas pu faire face à l’invasion des copies DVD de films au prix d’un café et ferment l’une après l’autre. Les dernières qui résistent servent, pour la plupart, pour un lieu intime pour des jeunes couples à la recherche de flirts volés, davantage attirés par l’obscurité qui y règne que par la qualité des films qui y sont projetés en énième vision.

Un marathon cinéphilique
Durant les Jcc, ces salles reprennent vie et affichent quasiment complet pour trois ou quatre projections par jour. C’est une fête pour tous ceux qui aiment le cinéma. Pour ceux les curieux qui cherchent à être surpris à chaque projection et qui n’hésitent pas à entrer voir un film malien, algérien ou mexicain, même si les acteurs et le réalisateur leur sont complètement inconnus. Cela se poursuit pendant huit longs jours. On sort d’une projection pour aller à une autre, dans un marathon cinématographique ponctué de pauses dans les gargotes et les bars du centre-ville, mais qui se poursuit jusque tard dans la nuit, avec des débats qui n’en finissent pas à la Maison de culture Ibn Khaldoun.
Le grand moment reste, bien sûr, la cérémonie de clôture. Plus elle approche, plus les pronostics montent pour désigner les heureux gagnants des Tanit, qui atterrit d’ailleurs, plus souvent que raison, chez un réalisateur de chez nous en mal de reconnaissance ailleurs.
Il est vrai que ce festival vieux de 44 ans ne déroule pas de tapies rouge sous les pieds d’improbables stars pourchassées par les flashs d’une flopée de photographes venus du monde entier. Il n’en reste pas moins une rencontre conviviale et magique pour tous ceux qui, sous ces latitudes, aiment – pour combien de temps encore ? – le cinéma.