Moncef Marzouki, président de la république, a mis les pieds dans le plat, vendredi, en accusant Ennahdha de marcher sur les pas du Rcd, l’ancien parti unique.
M. Marzouki n’était pas présent, cet après-midi, au congrès du parti qu’il a fondé en 2000 et dirigé jusqu’à son entrée au Palais de Carthage, fin 2011. Mais il s’est adressé aux congressistes, non en tant que président de la république mais comme ancien président du Congrès pour la république (CpR), à travers une allocution dont lecture a été faite par l’un des congressistes.
L’analyse de M. Marzouki est cinglante : Ennahdha, qui domine la « troïka » (la coalition tripartite au pouvoir à laquelle appartient le CpR et Ettakatol), se comporte désormais comme le faisait, avant le 14 janvier, le Rassemblement démocratique progressiste (Rcd) de Ben Ali, c’est-à-dire comme un parti unique. M. Marzouki reproche aux dirigeants d’Ennahdha, qui sont censés être ses alliés, de faire cavalier, de ne pas consulter suffisamment ses alliés et de gérer les affaires du pays en solo. Pis : M. Marzouki déplore la situation sociale difficile dans les régions déshéritées, la gestion sécuritaire des agitations sociales, et le manque de réactivité du gouvernement face aux violences exercées par les groupes extrémistes religieux.
Ces critiques, assez inattendues, ont été exprimées en présence du président du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, et de plusieurs dirigeants de ce parti, notamment Ali Lârayedh, ministre de l'Intérieur, Samir Dilou, ministre des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle, et Abdelfattah Mourou, membre du Majlis Choura du parti.
I. B.