Lors d'un meeting organisé à l'occasion de l'installation d'une fédération destourienne à La Manouba, à l’ouest de Tunis, M. Karoui a indiqué que son mouvement s’emploie à rassembler les Destouriens et à resserrer leurs rangs afin qu’ils contribuent à l’édification d’un système démocratique.

«Ce sont les Destouriens qui ont construit la Tunisie et ils reviennent aujourd'hui pour sauver le pays», a-t-il soutenu, en passant sciemment sous silence les dictatures de Bourguiba et de Ben Ali que les Destouriens ont imposées aux Tunisiens un demi-siècle durant. Dictatures que la révolution de janvier 2011 a justement fait tomber.

M. Karoui, dont le retour sur les devants de la scène politique suscite beaucoup d’interrogations, en raison notamment de ses relations avec le parti islamiste Ennahdha, estime que les opposants au retour des Destouriens craignent leur popularité auprès des Tunisiens.

L’ex-Premier ministre de Ben Ali a exprimé, par ailleurs, sa satisfaction face à la nette amélioration de la situation dans le pays, critiquant, toutefois, la loi sur la justice transitionnelle qu'il a qualifiée de «loi de talion». Et cela s'explique, car beaucoup des membres de son parti vont devoir rendre des comptes aux Tunisiens dans le cadre de cette justice transitionnelle, car ils ont servi avec zèle et sans le moindre état d’âme les dictatures de Bourguiba et Ben Ali.

Selon certains analystes, M. Karoui est chargé par Ennahdha de rassembler le maximum d’ex-militants destouriens et, surtout, d’ex-Rcdistes (partisans du parti de Ben Ali) pour empêcher qu’ils viennent renforcer les rangs de Nida Tounes, le parti fondée en 2012 par l’ex-Destourien Béji Caïd Essebsi, qui caracole en tête des sondages d’opinion et constitue le principal adversaire sérieux du parti islamiste.

Le fait que le fils de M. Karoui, Néjib Karoui, soit un militant de longue date d’Ennahdha et un ami personnel de son secrétaire général Hamadi Jebali fait accréditer cette thèse, ainsi que les réunions (secrètes ?) entre Hamed Karoui et certains dirigeants islamistes qui ont été ébruitées par les médias.

I. B.