Dans l'échelle du ridicule, de l'irresponsabilité et de l'absence de tout sens de l'Etat, Adnen Mansar est en passe de dépasser son maître Moncef Marzouki.
Par Zohra Abid
Le colonel Mokhtar Ben Nasr, ancien porte-parole officiel du ministère de la Défense, désavoue Adnen Mansar, porte-parole de la présidence de la république, ayant prétendu, dimanche soir, dans l'émission ''Liman Yajro' Faqat'', sur Ettounsia TV, que plusieurs coups d'Etat contre le président provisoire de la république Moncef Marzouki ont été avorté ces derniers temps.
Coup d'Etat? Oui, vous avez bien lu : coups d'Etat. Et pas un, plusieurs...
L'imagination débridée de Adnen Mansar
Le premier à réagir à ces allégations, pour le moins abracadabrantes et irresponsables, c'est le colonel Mokhtar Ben Nasr. «Il n'y a eu aucun coup d'Etat. Et s'il y en a eu et qu'on les a mis en échec, comme le prétend Adnen Manser, pourquoi n'a-t-on pas jugé les putschistes?», s'est interrogé le haut officier à la retraite.
A propos des critiques adressées par le même Mansar à l'ancien ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi, qui se serait rendu coupable d'avoir mis à la disposition d'une chaîne privée (Nessma TV en l'occurrence) un hélicoptère de l'armée pour lui permettre de filmer en direct les funérailles de Chokri Belaid, le 8 février 2013, M. Ben Nasr a répondu: «L'institution militaire a le droit de mettre ses avions à la disposition des médias qui en font la demande pour la couverture d'un événement quelconque, et cela n'est nullement interdit par la loi», ajoutant que «toutes les déclarations du porte-parole de la présidence de la république à propos de l'armée sont infondées et fausses».
Rappelons que l'avion prêté par l'armée à Nessma TV a permis de filmer les obsèques suivies par des millions de Tunisiens sur leur petit écran, mais aussi d'identifier les casseurs qui ont pillé et brûlé des voitures stationnées, le 8 février, autour du cimetière du Jallez de Tunis.
Plusieurs mois après, près d'une quarantaine de ces casseurs ont comparu devant le juge et ils ont avoué que des membres des Ligues de la protection de la révolution (LPR) leur ont demandé de semer des troubles ce jour-là.
Un président rancunier et vengeur
Est-ce cela qui a dérangé MM. Mansar et Marzouki? On peut l'admettre, d'autant que M. Marzouki a souvent déroulé les tapis rouges du Palais de Carthage aux responsables de ces Ligues, des milices violentes au service d'Ennahdha et du Congrès pour la république (CpR), son propre parti.
Ce qui a aussi dérangé M. Mansar et son patron, Moncef Marzouki, c'est la déclaration de M. Zbidi, le 8 février 2013, démentant que l'armée ait eu des instructions de la part de la présidence de la république pour veiller à l'organisation d'obsèques nationales pour Chokri Belaid. M. Zbidi avait dit, ce jour-là, dans une déclaration à la télévision: «L'armée ne reçoit d'instructions d'aucune partie».
«Et c'est pour cette raison-là que la présidence a tout fait pour que Abdelkarim Zebidi ne soit repris dans aucun gouvernement. Nous avons tout fait pour empêcher cela», a avoué M. Mansar, tout fier de lui-même et de son «tartour» de président.
Dans l'échelle du ridicule, de l'irresponsabilité et de l'absence de tout sens de l'Etat, le porte-parole a décidément dépassé son président.
Pauvre Tunisie, qui doit encore supporter la présence de pareils hurluberlus dans les coulisses de l'Etat fondé par Bourguiba!