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Les pays maghrébins vont se réunir début juin à Tunis pour venir au chevet de la Libye et, surtout, éviter des interventions étrangères dans ce pays au bord de la guerre civile.

Par Imed Bahri

C'est le 1er juin prochain qu'une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères des 5 pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA) aura lieu à Tunis. L'initiative en a été prise par le chef de la diplomatie tunisienne Mongi Hamdi, lorsqu'il a rencontré ses pairs du dialogue 5+5, le 22 mai 2014, à Lisbonne au Portugal.

Cette réunion permettra de mieux préparer une autre rencontre, prévue le 2 juin, et à laquelle prendront part des envoyés spéciaux de l'Organisations des Nations unies (Onu), de l'Union africaine (UA), de la Ligue arabe, de l'Union européenne (UE), ainsi que ceux des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Italie et de la Turquie.

L'internationalisation du conflit libyen

Ce sont officiellement les Libyens qui ont demandé la tenue de cette seconde réunion de Tunis, lors de la rencontre des ministres des pays du dialogue 5+5, donnant ainsi la couverture à une internationalisation du conflit politico-militaire qui secoue leur pays.

La présence de la Ligue arabe et de l'Union africaine tend à impliquer les pays africains et arabes limitrophes de la Libye dans la recherche d'une issue politique à la crise actuelle dans ce pays.

Le ministère tunisien des Affaires étrangères a publié, lundi 26 mai, un communiqué exprimant la position du gouvernement de Mehdi Jomaa, qui tient à rester à égale distance des parties en conflit chez les voisins du sud, rompant ainsi avec le parti-pris du président provisoire de la république, Moncef Marzouki, qui a tenté d'engager la Tunisie aux côtés de ses alliés islamistes, se faisant ainsi l'exécuteur fidèle des orientations d'Ennahdha, le parti islamiste tunisien s'étant précipité pour condamner le «coup d'Etat» du général Khalifa Haftar avant de se rétracter et de demander à toutes les parties de dialoguer en vue d'une issue politique.

BHL renvoyé à ses chimères

Alors que la France tente de court-circuiter tout le monde en dépêchant son envoyé très spécial Bernard Henri Lévy en Libye pour tenter d'imposer un compromis politique, permettant de réinstaller Ali Zeidan au poste de Premier ministre, Abdelhakim Belhaj, reçu récemment au Quai d'Orsay, à celui de ministre de l'Intérieur, et Khalifa Haftar à la Défense, les participants à la réunion organisée par BHL, et notamment le représentant du général Haftar, se seraient fermement opposés à l'attribution du poste de ministre de l'Intérieur à l'ex-membre d'Al-Qaïda, Abdelhakim Belhaj, officiellement leader du parti Al-Watan mais qui, dit-on, actionne en sous-main les milices islamistes armées à Tripoli et ailleurs.

Ce refus traduit la position des Etats-Unis qui semblent appuyer le général Haftar, tout en nourrissant une méfiance de plus en plus grande à l'égard de leur ancien ennemi devenu néanmoins leur nouveau protégé.

Cette réunion de Tunis tentera tout d'abord d'unifier les positions des pays de l'UMA, malgré les divergences de fond qui opposent certains d'entre eux, pour empêcher ou seulement limiter les interventions étrangères dans la région, sachant que les Américains préparent déjà leurs troupes spéciales pour une éventuelle intervention militaire ciblant les camps des terroristes et que l'Otan peut, à n'importe quel moment, être appelé à intervenir, d'autant que la Libye reste encore sous le coup de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'Onu, adoptée le 17 mars 2011, en pleine révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi, et qui permet aux pays qui le souhaitent de participer à une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye pour protéger la population civile, et de «prendre toutes mesures nécessaires (...) pour protéger les populations et les zones civiles menacées d'attaque».

Vous avez dit bruits de bottes...

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