jabeur mejri 1 21Si le président provisoire de la république Moncef Marzouki accorde la grâce présidentielle à Jabeur Mejri, le comité de défense du blogueur et la FIDH pourraient lui obtenir un asile politique en Suède.

Cette solution de contournement permettrait d’assurer, à la fois, la libération du blogueur, ainsi que sa sécurité, si tant est que celle-ci est menacée, en Tunisie, par les extrémistes religieux, comme l’a souvent affirmé M. Marzouki pour justifier le maintien de Jabeur Mejri en prison.

En septembre 2012, le jeune bloggeur a été condamné à 7 ans de prison ferme pour avoir publié et diffusé sur Internet des caricatures du prophète Mohamed. Il purge depuis sa peine à la prison de Mahdia (centre-est), où une délégation de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) lui a rendu visite mardi matin pour lui réitérer la promesse de lui obtenir l’asile politique en Suède.

Le président de la Haute instance des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, Hechmi Jegham, avait déjà confié à Jabeur Mejri que le gouvernement était en phase avec cet accord et qu’il fallait donc entamer la procédure pour l’obtention de l’asile politique et du visa d’entrée en Suède, car il serait bientôt gracié.

Contactée par Kapitalis, l’avocate et militante Radhia Nasraoui, présidente de l'Association de lutte contre la torture en Tunisie, a déclaré ne pas être d’accord avec cette solution, d’autant qu’elle survient après la révolution.

«Faut-il avoir, après la révolution, continuer à recourir à la solution de l’asile politique dans un pays libéré?», s’est-elle interrogée. Avant d’ajouter: «Jabeur est déjà injustement emprisonné, va-t-on alors le priver de son pays? C’est là une belle preuve d’injustice. Dans un pays démocratique, les innocents sortent de prison mais ne fuient pas leur terre».

«Si nous suivions ce raisonnement, on finira tous par quitter la Tunisie, compte tenu des menaces qui font planer sur nous les extrémistes», ironise l’avocate défenseure des droits de l’homme.

Me Nasraoui estime qu’une grâce présidentielle doit être décidée par Moncef Marzouki dans les plus brefs délais et que les autorités tunisiennes devraient assurer la protection du bloggeur en Tunisie même.

Y. N. M.