L'ancien secrétaire d'État aux Technologies de la communication (7 mars-24 décembre 2011) est détenu depuis le 3 avril 2013 dans le cadre de l'affaire de Borhane Bsaïes. On lui reproche d'avoir, lorsqu'il était Pdg de la Sotetel, renouvelé le contrat de détachement du journaliste.
Par Atef Gadhoumi
Cher frère, cher ami, cher boss,
«Seul le corps peut aller en prison, l'esprit ne peut être prisonnier, on ne peut pas attraper le vent», écrivait la romancière palestinienne Sahar Khalifa.
Je t'écris là où tu es, là où tu ne dois pas être... là où tu es incarcéré pour une «faute» commise malgré toi... J'en suis persuadé, j'en suis convaincu...
Je réclame, haut et fort, ton innocence car je te connais. J'ai eu la chance de te côtoyer, de travailler avec toi et de partager ton insouciance, ta folie, ton génie...
Les réunions interminables, les nuits blanches, les mille et une idées à chaque instant, les mille et une parenthèses ouvertes et jamais fermées, les mille et un rendez-vous manqués, n'as-tu pas oublié ton frère à l'aéroport? Les invités chez toi??... sont ta marque de fabrique.
Dans ce perpétuel combat contre ton ennemi juré: le temps, tu as été toujours vaincu mais tu n'as jamais capitulé... jamais abdiqué.
Peu importe les maux d'estomac, dont tu as souffert, peu importe les regards ahuris des visiteurs en découvrant l'état délabré des meubles de ton bureau – tu as opposé un véto contre leur changement –, peu importe ton interlocuteur, le sujet abordé..., tu trouvais les bons mots et de ton esprit vif et libre jaillissaient les idées les plus brillantes.
Tu étais, tu l'es toujours, cette usine à projets si fertile et si excessive. Et «C'est seulement en côtoyant l'excès qu'on trouve la liberté.» Semble être ta devise...
C'est dans l'excès et la nonchalance des «règles» administratives que tu as exercé, avec brio et d'une manière intègre, les multiples hautes responsabilités dans l'éducation et la technologie que tu as, toujours, su associer.
Atypique, rêveur et utopique, tu as voulu changer le monde et rejeter le système.
Vaine bataille, car, à cause d'une malheureuse signature imposée, le système t'a piégé et t'a rendu vulnérable... Que vaut le Don Quichotte que tu étais face à cette machine politico-policière si répressive?
Et pourtant, tu n'es pour rien... pas d'enrichissement illicite, pas de détournement de fonds et pas de conflit d'intérêts.
Le cauchemar a assez duré. Qu'il cesse et que cette justice, à laquelle tu as toujours cru, transitionnelle, équitable et non revancharde, voie le jour.
Ta place est parmi les tiens, parmi nous...