A entendre les dirigeants d'Ennahdha, tout va bien dans le meilleur des mondes possibles, et la Tunisie ne s'est jamais aussi bien portée. Il n'est pas interdit de les prendre au mot et d'essayer de le démontrer...

Par Mohamed Chawki Abid*

Au bout de 20 mois de pouvoir et deux gouvernements plus tard (Hamadi Jebali et Ali Lârayedh), les champions de Montplaisir (quartier où se trouve le siège du parti islamiste tunisien Ennahdha, Ndlr) ont brillamment réussi:

1) à s'approprier l'islam, et à en faire leur bleu de travail;

2) à nous vendre leur respect scrupuleux des valeurs morales et sociales;

3) à voler et violer la révolution de la dignité (non respect des promesses et annulation des engagements);

4) à en ignorer les exigences élémentaires (création d'emplois, justice sociale, développement régional...);

5) à bricoler et rafistoler les mécanismes de l'Etat dans une logique d'apprentissage;

6) à conduire en cascadeur les fondamentaux économiques et les structures sociales;

7) à essuyer des pertes colossales, couvertes par un recours démesuré à l'endettement extérieur;

8) à réformer et remplacer les principaux responsables de l'administration par des fidèles;

9) à contrôler et infiltrer les appareils sécuritaires de l'Etat (police, gendarmerie, armée);

10) à verrouiller l'appareil judiciaire suivant les consignes de Montplaisir au cas par cas;

11) à faire montre d'une collaboration exemplaire envers des architectes du ''printemps arabe'';

12) à récupérer les délinquants et criminels pour les intégrer dans les milices des Ligues de protection de la révolution (LPR);

13) à gracier les prisonniers barbus pour les confier aux organisations salafistes-jihadistes;

14) à catalyser la diffusion du wahhabisme sous toutes ses dimensions (idéologique, terroriste...);

15) à brouiller les pistes pouvant éclairer le mystère de l'assassinat de Chokri Belaïd;

16) à favoriser l'extinction de la doctrine malékite zitounienne (confiscation des mosquées, incendie des zawias...);

17) à convertir certains supporteurs et profiteurs de Zaba en bailleurs de fonds de Montplaisir;

18) à imposer un «destour» (constitution) sur mesure, dont tout rejet nous reconduira vers la case de départ;

19) à entretenir la confusion autour des conditions chronologiques et réglementaires des éventuelles élections;

20) et, en général, à faire tout ce que bon leur semble sans tenir compte de l'intérêt suprême de la Nation.

* Ancien conseiller économique démissionnaire du président provisoire de la république.