L'auteur, écrivain et traducteur tunisien résident en France, appelle à poursuivre en justice les présidents de la république, de l'Assemblée constituante et du parti islamiste Ennahdha. Et abattre le régime théocratique qu'ils veulent imposer aux Tunisiens.
Par Abdelatif Ben Salem*
Je soussigné Abdelatif Ben Salem, détenteur du passeport N° W247930 délivré à Paris le 15 janvier 2011, expirant le 14 janvier 2016, j'avoue chercher à abattre le régime théocratique et totalitaire qu'Ennahdha, Al Moatamar et Ettakatol veulent à court ou à moyen terme imposer aux Tunisiens.
Pour parvenir à mes fins, j'userai de tous les moyens pacifiques, civiques et civilisés stipulés dans la Charte des Nations unies, par le biais desquels le grand peuple tunisien a réussi à abattre, un certain 14 janvier 2011, sous le regard admiratif du monde entier, l'une des dictatures les plus féroces, ouvrant ainsi la voie à d'autres peuples de la région pour balayer leur régime despotique.
Conscient que dans leur volonté de s'éterniser au pouvoir, les islamistes et leur complices sont prêts à tout y compris à conduire le pays vers une guerre fratricide destructrice.
J'œuvrerai, par conséquent, chaque jour qui passe, côte-à-côte avec les révolutionnaires tunisiens authentiques, avec notre jeunesse frustrée du fruit de son geste magnifique, avec nos travailleurs, avec le peuple des régions profondes, berceau de la révolution, avec nos diplômés chômeurs, avec nos femmes, avec les forces politiques sincères et audacieuses et avec nos élites intellectuelles qui ont compris, comme Chokri Belaid, le danger auquel se trouve confrontée notre Tunisie, si par malheur la vermine fasciste parvient à asseoir et à consolider son pouvoir:
• A la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC) qui a non seulement failli à sa mission de donner au peuple sa Constitution démocratique, mais continue à usurper en toute illégalité et en violation des termes de la loi organisant les pouvoirs provisoires, une légitimité tombée en caducité depuis le 23 octobre 2012.
En demandant aux autorités judiciaires de procéder à la destitution, à l'arrestation et à la traduction en justice de son président Mustapha Ben Jaâfar, de sa vice-présidente Maherzia Laabidi, du président de bloc parlementaire d'Ennahdha Sahbi Atig et du rapporteur général de la constitution, président du comité mixte de coordination et de rédaction Habib Khedher, tous les quatre soupçonnés, respectivement, d'avoir confisqué par la partialité, la ruse, les procédés dilatoires et les mensonges, la volonté populaire, d'avoir obstrué les travaux de l'Assemblé dans l'intention manifeste de retarder la tenue des échéances nationales, d'avoir falsifié à plusieurs reprises certains articles de la Constitution, de s'être attribué des prérogatives inexistences dans la loi organisant les pouvoirs provisoires, d'avoir pratiqué le népotisme, dilapidé de l'argent public, et s'être rendu coupable de faux en écriture et de menaces de mort contre une partie de la population tunisienne.
• Au renversement de ce gouvernement non représentatif de la volonté populaire, en raison de son incompétence, sa mauvaise gestion et la corruption qui gangrène le pays et mine son économie.
En demandant aux autorités judiciaires de procéder à l'arrestation et à la traduction en justice de son président Ali Larayedh soupçonné d'avoir créé un corps de milices irrégulières habillé en civil qui a fait usage excessif et non justifié de la force contre les manifestants pacifiques le 9 avril 2012, d'avoir toléré la création et l'embrigadement des milices fascistes pour terroriser la population, d'avoir tenté d'escamoter le rôle de ces mêmes milices dans la tentative de destruction de l'UGTT, d'avoir envoyé à Siliana un commando de jeunes miliciens dépendant du ministère de l'Intérieur qui a fait usage d'armes interdites en décembre 2012 ayant provoqué la cécité partielle d'une trentaine de jeunes, d'avoir mis sur pied, au sein du ministère de l'Intérieur, un service de sécurité parallèle inféodé au parti Ennahdha, et de n'avoir pas oeuvré pour accélérer l'enquête sur le meurtre de leader de la gauche Chokri Belaïd et l'arrestation de ses assassins.
• A la destitution de Moncef Marzouki, président provisoire non élu par les Tunisiens, pour forfaiture et indignité nationale.
En demandant aux autorités judiciaires son arrestation et sa traduction en justice, en raison des soupçons qui pèsent sur lui: de prévarication, de dilapidation de deniers public (nomination de conseillers dont la mission consiste à sillonner les capitales européennes à la recherche des distinctions prestigieuses, création de centre de recherche servant uniquement à «caser» des militants d'Al Moatamar et occasionnellement à propager les thèses fumeuses sur la conversion de Frères musulmans à la démocratie, de mise à disposition d'un bâtiment du Palais de la présidence à Carthage au secrétaire général d'Al Moatamar, de menaces de pendre et de guillotiner les opposants, de collision avec le jihadisme global, avec des groupes qui prônent la violence et avec les ligues factieuses fascistes locales telles que les Ligues pour la protection de la révolution (LPR) inféodées à Ennahdha et Al Moatamar, responsables entre autres du lynchage à mort de l'opposant Lotfi Nagdh et de l'exécution politique de Chokri Belaïd ainsi que des violences perpétrées contre les citoyens tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, de non-assistance à personne en danger dans le meurtre de Chokri Belaïd, de violation des conventions internationales ratifiées par la Tunisie interdisant les extraditions des personnes qui risquent la peine de mort, d'atteinte aux intérêts stratégiques, diplomatiques et économiques et de la Tunisie, d'entente en vue d'association avec de grand criminels de la dictature déchue pour réduire au silence les aspirations du peuple et avorter sa révolution, d'intelligence avec des pays étrangers tel que le Qatar. Et enfin d'apologie de crime quand il a déclaré à la presse étrangère que «les Tunisiens ont encaissé le choc de l'assassinat de Belaïd»!!
• A l'arrestation et à la traduction en justice de Rached Kherigi dit Ghannouchi, président du parti Ennahdha, section tunisienne de Jamâ't al-Ikhwân al-muslimîn (Mouvement des Frères musulmans), organisation secrète dont il serait devenu le numéro deux après l'arrestation, au lendemain de la révolution égyptienne du 30 juin 2013, de ses chefs les plus en vue, et ce en raison des forts soupçons pesant sur lui: de responsabilité politique dans l'assassinat du leader de la gauche Chokri Belaïd, de complot contre la sécurité nationale en association avec la mouvance salafiste, des groupes terroristes affiliés à Al-Qaida et des services secrets d'un pays étranger, de détournement de la révolution tunisienne de ses véritables objectifs, qui sont: travail, liberté, dignité, au profit de l'instauration d'une dictature théocratique grâce à une victoire électorale avec un mandat d'une année fini le 23 octobre 2012, d'infiltration, de noyautage, comme il l'a déjà fait par le passé, et de contrôle de l'institution militaire et son affaiblissement, d'«ikhwanisation» («frérisation», par allusion au Frères musulmans) de l'administration de l'Etat et de ses services de sécurité par la nomination massive de fonctionnaires (on parle de 3.000) membres du parti Ennahdha, d'organisation de missions de wahhabisation forcées dont le but est de substituer à l'islam orthodoxe (sunnite) de rite malékite ash'arite un système de croyances fanatiques étrangères aux mœurs tunisiennes, de complicité dans des destructions mémoricides pour se conformer aux rites de ce système d'essence totalitaire, d'une cinquantaine de mausolées des saints soufis dont certains sont classés comme patrimoine mondial de l'humanité, de fourniture de la couverture à la création et au financement (en association avec les réseaux du jihadisme global en Libye) de filières de recrutement de mercenaires tunisiens pour le front syrien où ils sont versés dans des groupes combattant appartenant à Al-Qaïda, de délit de proxénétisme aggravé, et en couvrant des filières de traite des êtres humains, de réseaux de prostitution des jeunes femmes tunisiennes en Syrie, désigné par Jihâd al-Istinkâh, un crime assimilé à l'esclavagisme et considéré en temps de guerre comme un crime contre l'humanité, d'instrumentalisation de l'institution judiciaire pour neutraliser ses adversaires politiques et faire respecter l'ordre moral de référence du dogme wahhabite, de chantage et d'incarcération extra judiciaire – en l'absence d'une justice de transition – des journalistes, d'hommes d'affaires impliqués dans les crimes économiques de la dictatures déchue...
J'appelle à:
1- La constitution d'un Comité d'Etat composé de trois personnalités connues pour leur intégrité, leur compétence, leur patriotisme et leur proximité du peuple pour assurer la direction du pays jusqu'aux élections dont la tenue doit se faire obligatoirement avant la fin de 2013.
2- La formation d'un gouvernement de Salut National de compétence, apolitique dont la tâche prioritaire sera, d'ici là, de tenter de sortir le pays du marasme économique, de redonner confiance aux investisseurs nationaux et internationaux et de procéder dès sa prise de fonction à la désislamisation de l'appareil de l'Etat et de l'administration et d'expulser les responsables des officines de renseignement déguisés en centres de recherches et autres Ong hostiles aux intérêts du pays, de prononcer la dissolution et la saisie de leurs biens sans autre forme de procès des toutes les milices et associations de prédication religieuse financées par des puissances étrangères hostiles à la Tunisie et aux Tunisiens.
3- La création d'un Conseil national de la Révolution tunisienne, qui siégera au Bardo. Il sera formé démocratiquement pour moitié des jeunes révolutionnaires représentatifs de toutes les régions de la République, et l'autre moitié de représentants de la société civile, des syndicats des travailleurs, des professions libérales, d'intellectuels et d'artistes. Il respectera le principe de parité et aura essentiellement un rôle de mobilisation pour la défense de la révolution et de ses objectifs, et veillera au bon déroulement et à la transparence. Il aura un droit de regard sur la politique du gouvernement. Il s'auto-dissoudra en concomitance avec le gouvernement de Salut National le jour même de la proclamation des résultats des élections législatives.
* Ecrivain et traducteur.