Un boulevard s'ouvre aujourd'hui pour un parti vraiment libéral en Tunisie. Il faut détruire tout ce qui freine la liberté du Tunisien, réveiller l'esprit d'entreprise ancré en lui et remettre les valeurs de liberté, de neutralité de l'Etat, de travail et d'éducation au centre du projet d'avenir.
Par Mohamed Ben M'Barek*
Le désordre et la cacophonie est, somme toute, normale dans un pays qui a vécu une révolution contre une dictature. Comme la dictature tunisienne était de type capitaliste sous direction mafieuse, il est tout-à-fait normal qu'il y ait un coup de barre à gauche avec un retour de l'Etat providence. Il est tout aussi normal que l'inexpérience dans la gestion des affaires du pays engendre des déficits publics et donc de l'inflation.
Après 50 ans de dictature avec un Etat au service du pouvoir, il n'est pas du tout étonnant de se retrouver avec une administration où le mérite a cessé d'être le principal critère de promotion. Et qui est prête à collaborer avec tout apprenti dictateur qui lui garantisse ses avantages.
Ce qui est dit à propos de l'administration peut être dit aussi à propos de la police, la justice, les médias, l'enseignement et plus tous les secteurs qui dépendent de l'Etat.
Il est temps d'arrêter l'angélisme vis-à-vis de notre Etat supposé compétent. Il est totalement incompétent et doit être profondément réformé. Il nous faudra enchainer l'Etat, lui supprimer ses pouvoirs, ses prérogatives, ses avantages et surtout son pouvoir judiciaire, dont il use et abuse.
Pour un libéral, l'Etat est l'ennemi public n°1. Il promet beaucoup mais ne tient jamais ses promesses. L'Etat a toujours été le champion en gaspillages de toutes sortes et la Tunisie excelle en la matière depuis la révolution.
D'après Wikipédia: «Le libéralisme est une doctrine de philosophie politique qui affirme la liberté comme principe politique suprême ainsi que son corollaire de responsabilité individuelle, et revendique la limitation du pouvoir du souverain.»
Le libéralisme a bien-sûr des ennemis. C'est tous ceux qui prétendent pouvoir faire quelque chose en étant à la place du souverain avec plus de pouvoirs et de plus moyens.
Pour un libéral, l'Assemblée nationale constituante (ANC) actuelle, dotée de tous les pouvoirs possibles et imaginables, y compris ceux liés à la détermination de son propre mandat, est une vision de cauchemar.
Du socialisme au capitalisme mafieux
La Tunisie n'a jamais essayé le libéralisme. C'est un pays qui a basculé du socialisme au capitalisme mafieux. La main d'œuvre bon marché a été son principal argument économique vis-à-vis de l'étranger. Le système éducatif a été abandonné par un Etat qui ne se voyait plus qu'en dealer en main d'œuvre non qualifiée. Même nos entreprises ont du mal à trouver des cadres valables car l'Etat a gaspillé l'argent qu'on lui a donné pour éduquer nos enfants.
La Tunisie n'a jamais essayé le libéralisme. Avant même de régresser après la révolution, elle était déjà classée 100e nation sur la grille libérale de l'indice de libertés économiques.
Mon but n'est pas de prêcher le libéralisme auprès de ceux qui n'en veulent pas. Ceux-là trouveront toujours des arguments pour considérer un espace de liberté comme un espace où règne la loi de la jungle. Pour promouvoir le bourricot étatique qu'ils veulent chevaucher, ils nieront l'évidence, à savoir que les pays libéraux sont les pays où les avancées sociales, culturelles et économiques sont les plus fortes.
Mon but est simplement d'appeler les libéraux de ce pays à se réveiller, s'organiser et défendre leurs idées. L'économie réelle a toujours été entre les mains des libéraux et des activités libérales petites ou grosses. Ils sont la majorité silencieuse de ce pays, celle qui est occupée à travailler.
Le sentiment libéral existe dans le cœur de chaque Tunisien. Il y a quelques mois encore, nombreux étaient ceux qui rêvaient de monter leur propre projet. Il y a quelque mois encore, rares étaient ceux qui regardaient vers le Golfe et le modèle économique occidental était adopté dans le subconscient collectif.
N'oublions jamais qu'en Tunisie, l'expérience coopérative du monstre étatique d'Ahmed Ben Salah a vite été abandonnée.
La confiance en l'avenir, pilier fondamental du redémarrage de l'économie, ne sera pas restaurée par une entente politicienne. Même si nos deux vieillards, en l'occurrence Caïd Essebsi et Ghannouchi, s'embrassaient tous les soirs au journal de 20 h, cela n'y changerait rien. Ce n'est pas une vision d'avenir. Elle n'émoustillera en aucun cas les investisseurs et les entrepreneurs.
Même des élections «transparentes» et justes ne seront pas suffisantes. Inutile d'y mettre tous ses espoirs. On en a eu et elles n'ont rien changé. Les urnes n'y changeront rien tant qu'on n'a pas quelque chose de valable, de consistant et de convaincant à y mettre.
Un pays en cours de démondialisation
Dans un monde qui se mondialise, la Tunisie est en cours de démondialisation. Elle plonge dans des débats d'un autre âge et régresse dans tous les classements internationaux. La tendance est très nette et l'aventurette gauchiste et islamisto-nationaliste qui fait la promotion de l'Etat providence et super héros de l'économie va bientôt finir. Les caisses de l'Etat se vident, et bientôt il ne pourra plus les utiliser pour distribuer un pouvoir d'achat artificiel. L'Etat tunisien va bientôt faire faillite et perdre tout crédit vis-à-vis de la population. Le politicien «étatophile» sera bientôt, je l'espère, une simple curiosité post révolutionnaire.
Il y a aussi une autre évidence politique. A la mort des deux vieillards, toutes les cartes seront redistribuées. Une Tunisie se meurt et une nouvelle Tunisie attend de naître.
Un grand boulevard s'ouvre pour un parti vraiment libéral. Nous sommes les descendants des grands commerçants carthaginois et un grand marché nous fait face. Notre économie est suffisamment forte pour survivre à ce qui va arriver à son Etat.
Les libéraux doivent arrêter le discours démagogique gauchiste. Les libéraux se trompent de cible électorale. Le brouhaha de ceux qui n'ont rien à faire d'autre les trompe et leur donne une fausse image de la Tunisie. Celle qui se réveille le matin pour aller travailler. Ils doivent avoir le courage de leurs idées et ne plus se confondre aux autres. Il est temps qu'ils mettent l'Etat à l'index. Il est temps de détruire tout ce qui freine la liberté du Tunisien et son esprit d'initiative. Il est temps de réveiller l'esprit d'entreprise ancré dans une bonne partie des Tunisiens. Il est temps de remettre les valeurs de libertés, de neutralité de l'Etat, de travail et d'éducation au centre du projet d'avenir. Il est temps d'afficher le portrait robot rêvé du Tunisien nouveau dans la Tunisie de demain.
Malheureusement un parti coûte de l'argent. Ce n'est pas à des entrepreneurs que je vais l'apprendre. Et ce n'est pas à des entrepreneurs que je vais apprendre que faire un parti qui défend leurs idées est juste une affaire de bons recrutements. De la routine pour des entrepreneurs qui savent que l'action désorganisée et déambulatoire ne mène à rien.
Il est inutile d'expliquer ce qu'est le libéralisme. Il suffit d'ouvrir les yeux et de voir quels sont les pays qui réussissent. Là où des politiciens ont su le vulgariser. Rarement un projet n'a été aussi évident dans sa conception. Rarement un produit n'a été aussi facile à commercialiser. Rarement la concurrence n'a été aussi médiocre et rarement ses produits ont été aussi impopulaires.
Y a t-il un investissement plus rentable dans la situation actuelle?
Est-il sage d'attendre passivement que vos idées émanent du chaos?
*Economiste.
Citations :
• L'histoire des peuples dans l'histoire, c'est l'histoire de leur lutte contre l'État. [Pierre Clastres]
• Après la guerre, beaucoup de héros se présentent. [Proverbe roumain]
• L'Etat est le plus froid des monstres froids. Il ment froidement; et voici le mensonge qui s'échappe de sa bouche: "Moi l'Etat, je suis le peuple." [Friedrich Nietzsche]
• L'État - c'est nous. [Lénine]
• Les gouvernants gouvernent l'Etat; les technocrates, les gouvernants; et la vanité les gouverne tous. [Georges Elgozy]
• L'Etat, lorsqu'il choisit les hommes qui le serviront, ne tient aucun compte de leurs opinions. S'ils veulent bien lui être fidèles et le servir, cela suffit. [Oliver Cromwell]
• L'Etat se nomme toujours patrie, quand il prépare un assassinat. [Friedrich Dürrenmatt]
• Quand, dans un État, vous ne percevez le bruit d'aucun conflit, vous pouvez être sûr que la liberté n'y est plus. [Edouard Herriot]
• L'Etat, c'est la grande fiction par laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde. [Frédéric Bastiat]
• L'Etat ne poursuit jamais qu'un but : limiter, enchaîner, assujettir l'individu, le subordonner à une généralité quelconque. [Max Stirner]
• C'est utile, une révolution. Ça met des freins au gouvernement, ça le force à agir, à pencher d'un certain côté. Mais pas plus. L'Etat demeure. [Jean-François Somcynsky]
• Un peuple n'a qu'un ennemi dangereux, c'est son gouvernement. [Louis Antoine de Saint-Just]
• On est gouvernés par des lascars qui fixent le prix de la betterave et qui ne sauraient pas faire pousser des radis. [Michel Audiard]
• Les gouvernements sont l'inévitable maladie des êtres humains. [Robert Heinlein]
• Quand un gouvernement se trompe, il n'a qu'une solution: persévérer dans l'erreur. [André Frossard]
• Un gouvernement, de par sa nature, a intérêt à élargir son champ d'action, restreignant par là même la liberté des individus. [Thomas Szasz]
• L'Etat, c'est la providence des gens sans état. [Marc Grangé]
• Les peuples une fois accoutumés à des maîtres ne sont plus en état de s'en passer. [Jean-Jacques Rousseau]
• Un peuple qui ne sait pas où il va est sûr d'y arriver dans un état exécrable. [Jean-Luc Dion]
• Quand l'Etat invite le peuple à se montrer joyeux, c'est que la catastrophe n'est pas loin... [Ferdinand Bac]
• Chaque contribuable est quelqu'un qui travaille au profit du gouvernement sans être astreint à passer les concours de fonctionnaires. [Ronald Reagan]
• La société, ce n'est pas l'Etat. L'Etat n'est que le gérant d'une société anonyme qu'il a pris l'engagement de servir, mais qu'il ne se charge, en réalité, que d'exploiter. [Pierre Reverdy]
• Toute nation a le gouvernement qu'elle mérite. [Joseph de Maistre]
• La démocratie est une technique qui nous garantit de ne pas être mieux gouvernés que nous le méritons. [George Bernard Shaw]
• Trop gouverner est le plus grand danger des gouvernements. [Mirabeau]
• Quel est le meilleur gouvernement? Celui qui nous enseigne à nous gouverner nous-mêmes. [Johann Wolfgang von Goethe]
• Gouverne le mieux qui gouverne le moins. [Lao-Tseu]
• Le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins. [Henry David Thoreau]
• Le meilleur gouvernement est celui où il y à le moins d'hommes inutiles. [Voltaire]
• Le moins mauvais gouvernement est celui qui se montre le moins, que l'on sent le moins et que l'on paie le moins cher. [Alfred de Vigny]
• Quand le gouvernement dépense de l'argent, ça créer des emplois; alors que si cet argent est laissé aux contribuables, Dieu sait ce qu'ils en font... ils le mangent peut-être! Ils en font n'importe quoi sauf créer des emplois! [Dave Barry]
• J'ai peur que l'Etat dépense moins bien mon argent que je ne le ferais. [Philippe Bouvard]
• L'Etat, quel qu'il soit, est le fonctionnaire de la société. [Charles Maurras]
• Un gouvernement c'est comme un bébé. Un tube digestif avec un gros appétit à un bout et aucun sens des responsabilités de l'autre. [Ronald Reagan]
• La politique n'agit sur l'économie que si elle ne prétend pas le faire. [Jacques Attali]
• Une des conséquences les plus heureuses de l'absence de gouvernement est le développement de la force individuelle qui ne manque jamais d'en découler. [Robert Blondin].