larayedh bhiri banniere 10 1Les travers additionnés de Ali larayedh et Noureddine Bhiri ont fait naitre une chefferie hors normes dont l'inexpérience, l'incompétence l'insuffisance et la mauvaise foi ont plongé le pays dans une crise sans fin.

Par Tarak Arfaoui

A la Kasbah, siège du gouvernement, un super Premier ministre est installé aux commandes du troisième gouvernement post révolution tunisienne, un chef de gouvernement à nul autre pareil dans les annales politiques de la Tunisie et probablement dans le monde.

Une étrange créature politique

Il s'agit d'un condensé de 2 hommes politiques appartenant au même parti, en l'occurrence Ennahdha, l'un officiel, Ali Larayedh, le second dans l'ombre, omniprésent et omnipotent, Noureddine Bhiri, pompeusement nommé ministre conseiller politique du chef du gouvernement.

Etant donné que la physique nous a appris que rien ne se crée, rien ne se perd et que tout se transforme, on peut affirmer que la révolution tunisienne a réalisé le miracle d'engendrer un perfide personnage, hybride, produit du machiavélisme politique et de la turpitude des islamistes qu'on serait tenté d'appeler Noureddine Larayedh, une bien étrange créature politique qui préside aux destinées du pays.

Les observateurs politiques avertis ont très bien remarqué que M. Larayedh Premier ministre de circonstance est systématiquement flanqué, au cours de toutes ses activités, par M. Bhiri, comme conseiller attitré, dans toutes ses activités que ce soit en conseil ministériel, lors de la réception des hôtes politiques, dans les réunions des commissions ou lors des points de presse.

En dehors de ces apparitions de façade, toute la classe politique sait très bien que c'est bel et bien M. Bhiri qui dirige le gouvernement et qui décide de tout. Cette omniprésence n'est pas le fait du hasard. En effet, M. Bhiri a toutes les qualités du roublard politique logorrhéique à outrance, doublé d'un homme de loi, suffisamment hypocrite et manipulateur, à l'ambition dévorante et à la tête relativement plus acceptable comparée à celle autre et placide de M. Larayedh, qui manque de surcroit cruellement de culture d'envergure et de charisme et qui traine de nombreuses casseroles héritées de son passage au ministère de l'Intérieur.

La désignation de M. Bhiri aux basques du Premier ministre n'est qu'un message à peine codé aussi bien aux adversaires d'Ennahdha qu'à ses alliés pour affirmer que le mouvement islamiste tient bien lui aussi les rênes du pouvoir par l'intermédiaire du Majlis Choura, dont M. Bhiri est la pure émanation.

Une chefferie hors normes

On se souvient bien que lors des primaires organisées par Majlis Choura pour désigner le chef du gouvernement, M. Bhiri a battu à plate couture tous ses adversaires y compris M. Larayedh. Sentant le danger, le président Marzouki avait bel et bien opposé son véto à sa nomination à la tête du gouvernement mais c'était sans compter avec le machiavélisme légendaire d'Ennahdha qui a su déjouer le piège et créer pour la circonstance, et conformément à ses intérêts, un ersatz de chef du gouvernement en collant Bhiri à Larayedh.

Malheureusement, force est de constater que les travers additionnés de ces deux personnages ont fait naitre une chefferie hors normes dont l'inexpérience, l'incompétence l'insuffisance et la mauvaise foi ont plongé le pays dans une crise sans fin.

Les derniers atermoiements de ce duo face à l'initiative du Quartet, leur faux-fuyants, leurs interminables palabres, pour faire trainer les discussions, n'auront pour conséquences que de mener le pays vers le chaos qu'ils auraient tout fait pour engendrer; et comme l'histoire est un éternel recommencement, impérativement, un jour, ils auront à rendre des comptes.