Les Tunisiens sont en quête d'un «sauveur», mais sont-ils capable de le reconnaître, d'en faire un portrait robot: Que doit-il dire? Qui doit-il rassembler? Que doit-il faire, savoir-faire et savoir faire-faire?
Par Mohamed Ben M'Barek*
Le dernier sondage Sigma-''Assabah Al Ousboui'' est digne d'intérêt. 80% des Tunisiens jugent la situation mauvaise, 73% estiment que le choix de l'Assemblée nationale constituante (ANC) ne répond pas aux attentes, alors que 60% ont l'espoir que le dialogue réussisse.
Nous ne sommes pas loin d'une situation où les Tunisiens appliquent en masse la méthode Coué en espérant que ceux en qui ils n'ont plus confiance fassent le contraire de ce qu'ils ont fait depuis qu'ils sont là.
Sauveur-Academy
A en croire le même sondage, le mieux placé pour être le sauveur de la Tunisie serait un vieillard de 87 ans probablement incapable de courir la distance (Béji Caïd Essebsi, NDLR) et qui plafonne à 22%. Les autres sauveurs potentiels ont du mal à passer la barre de 4% de confiance.
La Tunisie semble entrer dans une phase messianique où, tous, nous attendons un Messie qui tarde à pointer son nez. Mais avant de se poser la question de savoir si le sauveur vit quelque part parmi nous, comme dirait Jésus, il est important de se poser la question de savoir si nous, Tunisiens, avons atteint la maturité de le reconnaître s'il se présentait à nous.
Sommes-nous capable de reconnaître notre «sauveur»?
Il semble malheureusement qu'au vu de la cacophonie dans laquelle nous vivons depuis le 14 janvier 2011, un discours argumenté de raison aura beaucoup de mal à percer. Le plus probable est de supposer que nous raterions tout éventuel sauveur et que nous aurions, encore une fois, par le jeu du hasard médiatique plus ou moins guidé, une caricature de gouvernement et de sauveur à la tête de l'Etat. Une grande bouffonnade semble nous attendre.
Le culte du sauveur semble être une caractéristique commune à tous les peuples. Pour les Français, Jean Garrigues y a dédié tout un livre intitulé ''Le Culte du Sauveur''.
Plusieurs pays ont eu leur sauveur comme, par exemple, Winston Churchill en Angleterre ou Franklin Roosevelt aux Etats-Unis.
Profil de poste et compétences requises
Il n'y a donc aucune honte à en parler. Mais à défaut de pouvoir le reconnaître notre, sommes-nous, au moins, capables d'en faire un-portrait robot?
Que doit dire le sauveur? Qui doit-il rassembler? Que doit-il faire, savoir faire et savoir faire faire?
Dans le monde professionnel, cette tâche s'appelle définition de profil de poste et des compétences requises. Une fois réalisée, la «balle» est passée aux chasseurs de têtes.
Qui sait? Si notre «élite» arrives à détourner les yeux de tous ces faux-prophètes, si elle arrive à décrire abstraitement à son peuple un tel sauveur, peut-être que cela fera naitre des vocations et que nous réussirons à ne pas donner la place de Oueld ou Bint El-Halal, encore une fois, à n'importe quel coureur(se) de dot?
Ce pays ne manque pas de bonnes volontés. Les «braves» sont prêts mais totalement égarés.
Seul le sauveur manque à l'appel.
S'il y de vrais GRH dans ce pays, qu'ils nous le dessinent!
* Economiste et conseiller en management.