L'ex-chef du gouvernement provisoire démissionnaire essaie de se remettre sur orbite, très maladroitement, en gesticulant pitoyablement dans les médias, et en essayant de prendre les Tunisiens pour des sots.
Par Tarak Arfaoui
Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahdha, a bien raté encore une fois l'occasion de se taire et de survivre avec le peu de crédit qu'il lui reste auprès des Tunisiens. Avec 3% des intensions de vote dans les sondages, en bon ingénieur, il sait très bien que les carottes présidentielles sont bien cuites pour lui.
Un discours inattendu, offensif et agressif
Cela ne l'a pas empêché, ces derniers jours, de sortir de la semi-retraite qu'il a observé après la démission de son gouvernement, en mars dernier, en faisant la une des médias nationaux et étrangers. Il a voulu donner l'air d'avoir pris du recul depuis sa démission pour mieux sauter et revenir non pas avec une certaine condescendance mais avec un festival de sottises invraisemblables indignes d'un politicien qui veut avoir une stature d'homme d'Etat
M. Jebali, en bon opportuniste, a réellement envie de rebondir, après la démission de son gouvernement sur une note d'un échec cuisant. Il essaye maladroitement de réoccuper la scène politique en véhiculant un discours inattendu, offensif et agressif aux antipodes du doux langage auquel il nous avait habitué auparavant et malheureusement teinté d'une bonne dose de démagogie et de mauvaise foi typique du discours des islamistes.
Effectuant un virage à 180° degrés, reniant ses déclarations précédentes et ses prises de position pourtant bien documentées, défendant les bêtise successives de son compère et successeur Ali Larayedh, actuel chef du gouvernement provisoire, jonglant avec la duplicité, sortant parfois de ses gongs sous son fameux rictus carnassier qui n'a pas changé, il essaye vainement de redorer son blason auprès de l'électorat qui avait pourtant gardé du personnage une certaine image d'honnêteté et de bonté pieuse lors de son fameux mea-culpa démissionnaire.
Mener le pays vers le chaos
On se demande qu'elle mouche a piqué les dirigeants d'Ennahdha pour faire revenir en ce moment précis M. Jebali au devant de la scène en le remettant brusquement sur orbite avec quelques figures plus amènes et «civilisées» du mouvement islamiste et pensant bien recoller les morceaux de l'éclatement de son échec politique.
En essayant maladroitement de se disculper de tous les malheurs qu'il a fait encourir aux Tunisiens par sa politique désastreuse et son incompétence M. Jebali tente de faire croire à ses compatriotes que le chômage, la déliquescence sociale, le marasme économique, la violence, les assassinats ne sont peut-être dus qu'à la providence qui a fait qu'un ex-artificier, selon les dires de ses détracteurs*, puisse avoir la chance de présider aux destinées du pays... et de le mener vers le chaos !
* Il aurait été, selon nombre de ses ex-camarades d'Ennahdha, derrière les attentats à la bombe durant l'été 1986 dans deux hôtels de Sousse et Monastir.