Très calmement, civiquement et pacifiquement, le peuple tunisien doit récupérer sa souveraineté pour la construction saine de sa démocratie rêvée, et redéfinir le cadre politique dans lequel tous ses maux devraient être soignés.
Par Seif Ben Kheder*
Pour toute analyse rationnelle, la profondeur de la crise politique et socio-économique en Tunisie est loin de s'arrêter au choix du chef du gouvernement ou à la composition de son équipe. Les strates de l’histoire, plus ou moins récente, échappent fâcheusement à toute approche de synthèse. Aucun bilan n’a été établi jusqu’ici, ni relatif aux soixante années d’indépendance, ni à celui de ces trois années de chaos général. Le problème de l’illégitimité Aujourd’hui, aussi bien les éléments endogènes qu’exogènes, influents dans le processus décisionnel, s’efforcent à nous imposer leur synthèse de la situation, stipulant que la manière de faire, à elle seule, serait la clef de la réussite de l’opération de sauvetage envisagée. Or, cette manière de faire qui désigne l’exécutif, rétablirait probablement un brin de confiance entre les protagonistes, mais ne résoudra nullement le problème de l’illégitimité de ces mêmes protagonistes face à l’ensemble des gouvernés. De ce fait, ces derniers ne sont plus l’interlocuteur du politique. D’ailleurs, nous doutons fort qu’ils l’ont été un jour. Ce serait donc une autre partie sans public, où l’on entend en direct les échanges de leurs logorrhées et où la transmission de leurs mimiques s’émet en léger différé, dans une parfaite incohérence. La Tunisie va très mal, très très mal. Nous n’avons même pas le temps d’énumérer nos urgences et nos catastrophes. Vu l’ampleur du cataclysme, aucun gouvernement ne saura rétablir la barre sans la participation active et confiante de toutes les couches de la société, dans une harmonie bien efficace et ô combien nécessaire pour la réussite de cette mission presque impossible. L’assemblée des illégitimes Sans vouloir le répéter, il n’est permis de l’espérer que si et seulement si nous rétablirons la légitimité politique, juridique et éthique de la classe dirigeante. Elle ne se rétablit pas d’elle-même et elle ne s’offre pas par le département d’Etat américain, ni ses ONG implantées dans nos terres violées. Très calmement, civiquement et pacifiquement, le peuple doit récupérer sa souveraineté pour la construction saine de sa démocratie rêvée, en occupant l’assemblée des illégitimes et en bloquant le dialogue des hors-la-loi, en vue de redéfinir le cadre politique dans lequel, tous ses maux devraient être soignés. * Coach en techniques de communication verbale et gestuelle.
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