Commentaire de la députée d’Al-Massar et du Bloc démocratique à propos de la crise provoquée par le député d’Ennahdha Habib Rllouze en qualifiant son collègue Mongi Rahoui (Front populaire) d’«ennemi de l’islam». Qui équivaut à un appel au meurtre.
Par Selma Mabrouk*
Levée de séance, aujourd'hui, dimanche 5 décembre, à 13 heure après une matinée d'échauffourées sous la coupole de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Dès le début de la matinée, au sein de la commission de consensus, Mongi Rahoui (député du Front populaire, gauche radicale, NDLR) a mis sur la table le problème du «takfir» (l’accusation d’apostasie ou de mécréance, NDLR) qui sévit dans l'indifférence générale des «autorités» depuis plus de deux ans. Le tristement célèbre Habib Ellouze (député d’Ennahdha réputé pour ses conceptions religieuses extrémistes) avait encore fait des siennes en déclarant que Mongi Rahoui était un islamophobe (plutôt «ennemi de l’islam», NDLR) au vu de son intervention en plénière lors de la discussion de l'article 1 (de la Constitution, NDLR). Cette déclaration ayant été malheureusement relayée par des médias peu responsables, une fatwa a été lancée contre lui (Mongi Rahoui, NDLR) pour une liquidation dans les 48 heures. Nous avons demandé à MBJ (Mustapha Ben Jaâfar, président de l’ANC, NDLR) de prendre position en plénière au nom de l'assemblée pour condamner ce genre de déclarations et de prendre les mesures nécessaires vis-à-vis de son auteur. La séance a rapidement dérapé quand cet individu (Habib Ellouze, NDLR) a exprimé, en lieu et place des excuses attendues, une confirmation de ses dires enveloppés de versets du saint Coran. Plusieurs groupes parlementaires ont alors quitté la salle et on décidé, lors d'une réunion rassemblant le groupe démocrate, les indépendants, NidaTounes, Al-Jomhouri, Alliance démocratique, El-Moubadara, Ettakatol, le Congrès pour la République (CpR) et une députée du groupe Wafa (dont la proposition d’amendement portant sur l'interdiction du «takfir» dans la constitution avait été refusée hier par Ennahdha.) La décision finale lors de la reprise de la séance était d'avoir des véritables excuses publiques, décision à laquelle le concerné s'est plié visiblement de mauvais gré sous la pression de son groupe. La deuxième décision annoncée publiquement est l'ouverture d'une enquête sur le sujet. La troisième est la reprise du vote de l'amendement concernant le «takfir», grâce à l'article 93 du règlement intérieur qui permet ce genre de procédure. La réunion des chefs de groupes parlementaires s’est achevé et nous allons savoir si l'article 6 a des chances de nous prémunir de ce fléau devenu extrêmement dangereux en certifiant l'interdiction de la manipulation des mosquées à des fins politiques et l'interdiction de toutes les sortes d'appel à la haine dont le «takfir». * Membre de l’ANC, députée d’Al-Massar (Bloc démocratique). |