Il semble que le parti islamiste Ennahdha, même après avoir quitté théoriquement le gouvernement, continue à vouer du mépris pour les Tunisiens et à piétiner leurs sentiments. Et leur mémoire...
Par Moez Ben Salem
En effet, le parti islamiste a l'intention d'organiser un grand concert en plein-air, le samedi 8 février au Bardo, avec comme invité le chanteur turc, Mesut Kurtis, spécialisé dans les liturgies et les chants religieux.
Cette initiative est indécente et ce pour deux importantes raisons.
D'abord, ce concert a lieu deux jours après la commémoration du décès du martyr Chokri Belaid et un an, jour-pour-jour, après son inhumation, sans aucun respect pour sa femme, ses filles, ses proches, ses amis et tous ceux qui ont été touchés par la disparition de cet homme au grand cœur, qui a voué son existence à défendre ceux qui en avaient besoin, y compris les islamistes.
Ensuite, cette date du 8 février marque la commémoration du bombardement de la localité de Sakiet Sidi Youssef par l'armée française, agression barbare qui a coûté la vie à plus de 80 personnes, algériennes et tunisiennes, dont plusieurs dizaines d'écoliers, morts ensevelis sous les décombres de leur école bombardée.
La journée 8 février est une triste date pour les Tunisiens et ce pour les deux raisons déjà citées. Elle devrait être perçue comme une journée de deuil; mais Ennahdha voit les choses autrement. Il ne pense qu'à petits calculs électoralistes mesquins et, comme le dit si bien la chanson Céline Dion, «on ne change pas»!
Illustration: 8 février 1958. Le village tunisien de Sakiet Sidi Youssef, proche de la frontière algérienne, est bombardé par l'armée française après des tensions entre l'armée et des combattants de l'Armée de libération nationale (ALN) algérienne, basés en Tunisie. 70 victimes sont à dénombrer dont une vingtaine d'enfants. L'indignation monte jusqu'à l'Onu. © AFP Photo