Nacer Boudiaf | Disparition d’une voix obstinée pour la vérité

Nacer Boudiaf, fils de l’ancien président algérien Mohamed Boudiaf, assassiné en 1992, est décédé dans la nuit du 25 au 26 novembre 2025 à Bruxelles, des suites d’un cancer foudroyant. Il avait 62 ans. L’information a été confirmée par son frère, Tayeb Boudiaf, et relayée par plusieurs médias algériens. Avec lui s’éteint une voix rare et persistante dans la quête de vérité autour de l’un des épisodes les plus sensibles de l’histoire politique récente de l’Algérie.

Depuis plus de trois décennies, Nacer Boudiaf a cherché à faire éclater la vérité sur l’assassinat de son père le 29 juin 1992, lors d’une conférence à Annaba. Contestant la version officielle qui attribuait le meurtre à un acte isolé du lieutenant M’Barek Boumaarafi du GIS, il estimait que le complot réel n’avait jamais été identifié et dénonçait une loi du silence qui étouffait la justice. En 2017, il confiait à TSA avoir compris que «le plus important n’était pas de découvrir la vérité mais, avec l’aide du peuple, de mettre le système qui l’a assassiné hors d’État de nuire». Son engagement n’était pas motivé par la vengeance mais par la recherche de justice et de transparence.

La constance de Nacer Boudiaf a marqué ses contemporains. Son combat, parfois isolé et critiqué, symbolisait une exigence morale : celle de ne pas laisser tomber la mémoire d’un père assassiné ni l’histoire de son pays dans l’oubli. Au-delà de sa démarche judiciaire, il représentait l’indignation face à l’injustice et la volonté de défendre la vérité historique, même quand elle dérange.

La mémoire d’un père assassiné

La disparition de Nacer a suscité de nombreuses réactions et hommages qui rappellent l’impact humain de Nacer, au-delà de son engagement politique, et témoignent de l’estime et de l’affection qu’il suscitait.

Pour comprendre l’ampleur symbolique de sa vie, il faut revenir sur l’histoire de son père. Mohamed Boudiaf, figure emblématique de la lutte pour l’indépendance, avait été président du Haut Comité d’État en 1992 après un long exil au Maroc. En quelques mois, il s’était imposé comme un dirigeant courageux, luttant contre la corruption et les réseaux mafieux. Son assassinat, criblé de balles lors d’un discours diffusé en direct, a plongé le pays dans une profonde incompréhension et laissé des questions sans réponse.

Avec le décès de Nacer, le combat pour la vérité semble en suspens. Il laisse derrière lui un héritage moral et symbolique : la persistance à chercher la justice et à refuser le silence.

La famille n’a pas encore communiqué sur les funérailles. Mais le souvenir de Nacer Boudiaf reste vivant, et son engagement continuera d’inspirer ceux qui refusent de laisser l’histoire et la mémoire s’effacer.

D. G.

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