Béji Caïd Essebsi otage de son entourage: il voulait ressembler à Habib Bourguiba, voilà c’est fait!
En donnant un entretien à Nabil Karoui et à Nessma, sa chaîne hors-la-loi, le président de la république, Béji Caïd Essebsi (BCE), envoie un grave message aux Tunisiens : «Ne payez pas le fisc, volez l’Etat, et urinez sur les institutions de la république.»
Par Imed Bahri
Beaucoup de personnes sont furieuses que BCE ait associé Nessma à l’entretien télévisé qui va être diffusée ce soir, dimanche 15 juillet 2018.
En prenant cette décision, le chef de l’Etat cautionne l’illégalité, le vol du fisc et la corruption, dont Nabil Karoui et Nessma, qui ne reconnaissent pas les instances légales, et notamment la Haute instance indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), est l’une des figures dans le pays.
Le chef de l’Etat, qui présente des signes inquiétants de fatigue, son grand âge oblige, a-t-il subi des pressions de la part de certains de ses proches, alliés à la mafia de la corruption, pour accepter de faire cet entretien? Lui a-t-on fait un chantage en ce sens? Cherche-t-on à lui faire dire des choses précises ou à le montrer sous un visage inquiétant pour les Tunisiens, et ce à des fins politiques qu’il n’est pas difficile d’imaginer? Qui cherche à foutre la merde dans ce pays, déjà largement déstabilisé, et à quels mystérieux desseins?
Quand on connaît Nabil Karoui, qui a avoué dans une vidéo fuitée comment il monte des campagnes de désinformation sur des sujets précis ou de diffamation ciblant certaines personnes, on peut s’étonner que la plus haute autorité de l’Etat accepte de donner un entretien à sa chaîne, spécialisée dans les mensonges et les manipulations.
Le président de la république est normalement le garant de l’Etat de droit et de la Constitution – la norme juridique la plus élevé dans la hiérarchie des normes – et en agissant de la sorte – en associant Nabil Karoui et Nessma –, le chef de l’Etat s’assoie sur le droit, les lois, alors qu’il est un juriste de formation et de profession, et il s’assoie aussi sur la morale.
Sachant que M. Karoui est un évadé fiscal notoire, qui doit à l’Etat des millions de dinars, en donnant un entretien à sa chaîne hors-la-loi, Béji Caïd Essebsi dit aux citoyens tunisiens : «Volez le fisc, c’est-à-dire volez l’Etat; fréquentez les voyous et soyez voyous vous-mêmes; diffamez les gens; urinez sur le gouvernement et les instances de régulation; déstabilisez le pays par la désinformation, les rumeurs toxiques et la manipulation des masses; et je vous reconnais, je vous invite au Palais présidentiel et je vous cajole et chouchoute.»
Tel est le message envoyé par le président en invitant Nessma. C’est vraiment grave. Et qui confirme l’atmosphère de fin règne qui prévaut actuellement en Tunisie.
On est presque comme en 1987, à la veille du coup d’Etat de Zine El Abidine Ben Ali, avec un président de la république otage de son entourage. Béji Caïd Essebsi voulait ressembler à Habib Bourguiba en tout, voilà c’est fait!
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