«La Tunisie est un seul État, représenté par un seul président, à l’intérieur et à l’extérieur», a lancé le chef de l’Etat, Kaïs Saïed, ce soir samedi 23 mai 2020, lors d’un discours qu’il a prononcé sur la chaîne publique Watania 1, pour présenter ses vœux aux Tunisiens pour la fête de l’Aïd El-Fitr.
Le président de la république a d’abord remercié et félicité les Tunisiens qui ont pu surmonter la crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus : «Nous avons réussi à surmonter cet obstacle grâce à la solidarité des Tunisiens d’ici et ailleurs. Je remercie particulièrement les professionnels de la Santé, les forces sécuritaires et armées, et tout le peuple, désormais prêt à affronter n’importe quel obstacle», a-t-il dit.
Kaïs Saïed a également profité de cette allocution pour revenir sur la situation politique marquée par des tensions, ces derniers temps, en lançant : «Certains sont nostalgiques et rêvent d’un retour en arrière, d’autres sont, quant à eux, animés par des ambitions purement personnelles et d’autres encore pratiquent sans cesse l’hypocrisie, le mensonge et la diffamation», dans un discours vaguement codé, un peu trop sans doute, pompeux et vide, comme il nous a habitués depuis un certain temps.
Saïed a également indiqué que la pire des maladie est celle qui touche les esprits, en affirmant que les Tunisiens seront préservés des mauvais desseins et des projets que certains préparent. «Ceux qui veulent mettre le feu finiront par se brûler», a prévenu le chef de l’Etat. A qui pense-t-il au juste ? Chacun remplira la case qui lui convient, mais on n’est pas bien avancé avec ces discours trop métaphoriques et évanescents, où la littérature tient lieu d’expression politique.
«Pour répondre à ceux qui veulent semer la discorde, nous avons élaboré plusieurs projets de lois, qui seront bientôt présentés, et à chacun d’assumer ses responsabilités devant dieu, le peuple et l’Histoire», a ajouté le président, en rappelant que les biens du peuple spoliés doivent lui revenir, laissant entendre que ces projets de lois concernent la réforme du système politique qu’il avait d’ailleurs souvent critiqué. Mais on n’est même pas sûr qu’il s’agisse de cela, M. Saïed ne se sentant pas tenu d’être plus clair et de parler au peuple un langage direct que ce dernier comprend. Il donne l’impression parfois de s’adresser à des ombres ou d’agiter des chimères n’existant que dans sa tête.
«La Tunisie est un seul État, représenté par un seul président à l’intérieur et à l’extérieur», a ajouté M. Saied, en référence probablement aux derniers écarts de Rached Ghannouchi, chef d’Ennahdha et président de l’Assemblée, qui a souvent dépassé son rôle et débordé sur les prérogatives présidentielles, notamment avec ses contacts réguliers avec des dirigeants étrangers.
Le dernier dépassement en date a fait couler beaucoup d’encre et a été dénoncé par plusieurs blocs parlementaires, à leur tête le PDL : il s’agit d’un coup de fil à Fayaz Sarraj, président libyen du gouvernement d’entente nationale (GEN), que Ghannouchi a félicité pour avoir repris le contrôle d’une base aérienne stratégique dans le cadre de la guerre civile libyenne…Une position qui ne représente pas celle de la république tunisienne, qui a toujours préféré adopter la neutralité face au conflit libyen.
Le président de la république a également rappelé, lors de son discours, que les Tunisiens ne demandent que leur droit à la citoyenneté et à une vie digne, loin des calculs et des conflits politiques.
Y. N.
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