La direction du Festival international de Hammamet a frappé fort en choisissant Ibrahim Maalouf pour un concert de jazz le mardi 26 juillet. Sublime !
Par Anouar Hnaine
Compositeur et trompettiste, Ibrahim Maalouf est au zénith de sa carrière. Pas un concert sans retombées critiques élogieuses. Mardi soir, il a présenté des morceaux de son dernier CD. Ce n’est pas une entrée, c’est une conquête du public avec plan et stratégie, t’shirt noir et baskets. Il court et saute d’un endroit à un autre, une énergie effrénée et puis silence… Apparemment, il est content d’être là et il ne le cache pas : «Je suis heureux et je veux que vous participez au spectacle», lance-t-il.
Les notes montent dans l’air
Passage langoureux de la basse, réplique du synthétiseur, la trompette prend l’air et du relief, le public participe et la sauce prend sans difficulté.
Issu d’une famille cultivée, son père Nassim Maalouf, formé à la musique baroque occidentale et aux modes classiques orientaux, est l’inventeur de la trompette à quatre pistons que le fils, en bon élève, exploite avec profit. Beaucoup de prix, dont la ‘Révélation instrumentale 2010’ et le ‘Meilleur artiste de l’année 2013’, et son ascension continue.
Son oncle Amine est romancier et académicien. Dans cette famille à plusieurs branches, Ibrahim préfère les femmes et le déclame haut en chantant : le morceau s’appelle ‘‘Les Essentielles’’ en hommage à toutes les femmes.
Approche toute en finesse, les notes montent dans l’air. Ibrahim, la tête levée au ciel, écorché, part dans des lamentos déchirants, une composition stupéfiante au croisement des musiques actuelles, oriental nostalgique, occidental éclatant, jazz sentimental et paisible. Les trois synthétiseurs turbulents entrent en jeu, un solo lancinant de la basse, respirations, arrêts, percussions violentes et puis le silence interrompu par un orage d’applaudissements. Sublime !
Le trompettiste qui fait courir les fans
Le maître de scène sait partager; il laisse le temps nécessaire à son guitariste pour un solo lancinant.
Encouragement et… Maalouf présente le morceau que porte le CD: ‘‘Red and Black Light’’. Il explique comment il l’a composé; à quel moment, etc., et incite le public à répéter des phrases (malin!). Celui-ci se prend au jeu, ça tourne presque au master class?
Certitude: Maalouf se comporte comme les grandes icônes du pop, il maîtrise son public. Un long solo impressionnant du percussionniste fortement applaudi. Il est 23h30, fin de spectacle. Fatalement, le public demande une rallonge. Il crie «Beyrouth! Beyrouth !» Les musiciens reviennent; ça ne sera pas Beyrouth.
«Pour le départ, nous allons vous présenter ‘‘Ya ahla’’ ! ou bienvenue» (il a dû préparer ce coup de fin de spectacle, le malin). Et quel spectacle ! Le trompettiste, qui fait courir les fans, prouve que ce n’est pas parce qu’on appartient à une famille réputée pour sa culture que l’on manque de personnalité et de brio. A son nom, il a su imprimer un prénom : Ibrahim.
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