Chahed reçu par Caïd Essebsi, hier, lundi 17 avril 2017.
Le président Caïd Essebsi tente d’éteindre le feu allumé par Ennahdha et l’UGTT sous les pieds du chef du gouvernement Youssef Chahed.
Par Abderrazek Krimi
Après l’entretien qu’il a eu la semaine dernière avec le chef du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, le président de la république Béji Caïd Essebsi s’est entretenu, lundi 17 avril 2017, avec le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi.
A quoi joue Ennahdha ?
Les deux entretiens ont pour toile de fond les tensions sociales qui perdurent dans les régions de Tataouine, du Kef et de Kairouan. Ils s’inscrivent dans le cadre des efforts du président de la république pour desserrer l’étau autour du chef du gouvernement d’union nationale Youssef Chahed, étant donné l’«implication» plus que certaine de ces deux parties dans les manifestations que connaissent ces régions.
Rached Ghannouchi reçu par Béji Caïd Essebsi le mercredi 12 avril 2017.
Outre le soutien déclaré des structures régionales de l’UGTT aux protestataires et qui se fait sentir sur le terrain de diverses façons, l’implication du parti islamiste dans les tensions ne fait plus aucun doute. Nombre de ses dirigeants régionaux et même nationaux, à l’instar de Sayed Ferjani, s’affichent sans aucune réserve à la tête des manifestations et prennent la parole dans les sit-in pour enflammer la foule.
Il devient ainsi visible que les deux parties, censées être parti-prenantes de l’Accord de Carthage, à l’origine du gouvernement d’union nationale, usent du double jeu, en soutenant officiellement ce gouvernement, d’une part, et en tirant officieusement le tapis sous les pieds de Chahed, d’autre part, contribuant ainsi à amplifier la crise économique et sociale qui, malgré le discours optimiste et apaisant du chef du gouvernement, en appelant à la responsabilité de toutes les parties, ne semble pas encore proche d’une issue.
Le résultat des entretiens de Béji Caïd Essebsi avec Rached Ghannouchi et Noureddine Taboubi ne s’est pas fait attendre, puisque le président du parti Ennahdha s’est réuni, samedi 15 avril 2017, avec les députés du mouvement islamiste représentant les régions de Tataouine, du Kef et de Kairouan, ainsi que les responsables régionaux et locaux des trois régions, pour tenter de calmer les esprits et de les convaincre d’œuvrer à apaiser la tension.
Béji Caïd Essebsi reçoit Noureddine Taboubi le lundi 17 avril 2017.
Des désordres au profit des réseaux de corruption
Quant à l’UGTT, son bureau exécutif, réuni lundi 17 décembre 2017, à l’issue de l’entretien entre Caïd Essebsi et Taboubi, a publié un communiqué dans lequel il souligne des indices laissant prévoir une «crise politique liée à l’aggravation des tensions sociales».
Tout en réitérant son appui «à tous les mouvements sociaux et populaires pacifiques qui réclament légitimement le travail et le développement», le bureau exécutif de l’UGTT n’omet pas de mettre en garde «les parties qui cherchent à instrumentaliser ces mouvements à des fins électorales ou à propager le désordre au profit des réseaux de corruption». La centrale syndicale appelle, par ailleurs, le gouvernement à établir «un dialogue sérieux avec les protestataires afin d’aboutir à des solutions concrètes» et aider à apaiser la tension dans ces régions.
C’est ce qu’on appelle un service minimum, mais dont la portée symbolique est importante, la centrale syndicale ayant tenu à prendre ses distances de certaines parties, notamment les réseaux de corruption et de contrebande soucieux de semer le désordre dans la zone frontalière avec la Libye et d’empêcher l’aboutissement des enquêtes en cours contre certains de leurs gros poissons, soudoyant des partis politiques qui se sont mis ouvertement sous leur influence.
Ces réseaux et ces partis, qui tirent des bénéfices sonnants et trébuchants des désordres actuels, continuent leur travail de sape pour déstabiliser l’Etat, infiltrer ses appareils et les neutraliser. Ce sont les premiers ennemis de la stabilité dans le pays et du tandem Caïd Essebsi-Chahed qu’ils cherchent à torpiller. L’UGTT, qui a souvent été instrumentalisée à l’insu de son plein gré, semble l’avoir enfin compris… Il était temps!
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