alt«La Tunisie a tout intérêt à revoir sa politique de compensation et à mettre en place un programme de subvention ciblé, destiné essentiellement, aux catégories défavorisées».


C’est ce qu’a affirmé Gita Subrahmanyam, consultante de la Banque africaine de développement (Bad) et professeur à London School of Economics.

Dans une interview à l’agence Tap, Subrahmanyam a estimé que la politique de subvention actuelle adoptée par la Tunisie profite plus aux riches qu’aux pauvres et que son coût pèse de plus en plus sur le budget de l’Etat en raison, notamment, de l’augmentation des cours des hydrocarbures sur le marché international.

Cibler les catégories défavorisées

Le vendredi 7 septembre, le ministre des Finances par intérim, Slim Besbes, a évoqué le projet gouvernemental de réformer le système de compensation, notamment en essayant de le réorienter vers un meilleur ciblage des catégories défavorisées.

D’après les dernières statistiques du ministère des Finances, les dépenses de subvention s’élèvent, actuellement, à 4.000 millions de dinars (MD) contre 1.500 MD avant la révolution.

Ce type de programme a donné ses fruits, dans plusieurs pays, a-t-elle dit, citant l’exemple de l’Argentine, pays qui a vécu les mêmes circonstances que la Tunisie, voire pire (fuite du président en 2001, dépréciation de la monnaie locale, économie en berne…).

A travers ce programme lancé en 2003, l’Argentine est parvenue à relancer son économie en réalisant des taux de croissance avoisinant les 9% au cours de la période (2003- 2007) et à réduire son taux de chômage à 10% en 2006, alors qu’il plafonnait à 25% en 2001.

«Si la Tunisie opte pour une subvention ciblée elle pourrait non seulement améliorer les conditions de vie des populations pauvres mais aussi épargner de l’argent, en raison du faible coût du programme, soit 1% du Pib», a encore indiqué Mme Surahmanyam.

D’après les estimations du ministère argentin de l’Emploi, la contribution des subventions ciblées au Pib est de l’ordre de 2 à 2,5%.

Des réformes complémentaires

Cette mesure doit être accompagnée, a indiqué l’experte, par d’autres réformes afin de réaliser les objectifs de développement souhaités. Elle a recommandé, à ce propos, d’améliorer le climat d’investissement, de développer le cadre réglementaire, de simplifier les procédures administratives et de faciliter l’accès au financement des micro-projets.

L’experte a préconisé, en outre, de renforcer le programme d’assistance aux Pme et d’engager des réformes dans le système d’éducation de manière à adapter les programmes de formation académique aux besoins du marché de l’emploi.

«La Tunisie doit tirer profit de ce qu’elle a appelé ‘‘the revolution premimum’’ (ou ‘‘couronnement de la révolution’’, Ndlr) et agir dans les brefs délais, tant que les projecteurs sont encore braqués sur ce pays berceau du printemps arabe», a conclu Mme Surahmanyam.

L’économiste est en Tunisie pour présenter son article scientifique intitulé «Promouvoir une croissance résiliente aux crises en Afrique du Nord», et proposer d’autres options pour minimiser les effets des crises sur les économies de la région.

I. B. (avec Tap).

 

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