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M. Battikh, coupera-t-on, demain, la main au voleur, en Tunisie?

Othmane-Battikh

Demain il sera toujours possible de couper la main au voleur pour conformer le droit tunisien à la lettre de l’islam, comme le préconise le mufti de la république Othman Battikh.

Par Farhat Othman

Oui, ce risque existe bel et bien car il y a dans le Coran une prescription claire et nette dans ce sens, aussi impérative que la part double pour le garçon en matière successorale sur laquelle se fonde M. Battikh pour refuser l’égalité.

Une logique de terrorisme mental

C’est la logique qu’impose le propos réitéré mardi par le mufti de la république au parlement en s’opposant fermement au projet qu’impose la Constitution pour réaliser l’égalité entre les sexes, y compris en matière successorale.

Avec une pareille logique de terrorisme mental, qu’est-ce qui empêchera donc demain, au nom d’un verset similaire à celui jugé incontournable par M. Batikh, que l’on juge aussi l’ablation de la main impérative en islam? L’ancien constituant Sadok Chourou, l’un des dirigeants historiques du parti islamiste Ennahdha, l’avait, d’ailleurs, demandée, solennellement, sous la coupole de l’Assemblée nationale constituante (ANC), en 2012, pour punir les travailleurs qui font grève ! Et qui empêchera qu’elle soit introduite, demain, dans le droit tunisien pour le conformer à la lettre du Coran? Pourtant, on croyait la Tunisie constitutionnellement un État civil!

Or, on a assez démontré le sens évolutif dans lequel on doit interpréter le verset en matière de parts successorales, le même appliqué en matière de coupure de main. Pourquoi une telle violation caractérisée de l’esprit humaniste du Coran de la part de celui qui est censé le préserver? On s’étonne après, avec un tel terrorisme mental, que le terrorisme islamiste progresse !

Et que cela vienne du mufti pour la seconde fois sans qu’on ait eu rien à redire de la part des autorités publiques est de quoi étonner; on en viendrait même à douter de la réalité de l’adhésion à l’islam vrai dans ce pays.

Car l’islam commande de se renouveler régulièrement, surtout à l’orée de chaque nouveau siècle au risque d’être perdu. Faute d’un tel effort, on est en train de perdre notre religion déjà sclérosée, en passe de se «daéchiser» chez nous.

Sauver l’islam en Tunisie

Il n’est plus temps de tergiverser ! Si on veut vraiment préserver la Tunisie du sort de Daech et si on ne veut pas voir demain la main coupée au voleur, alors c’est maintenant qu’il faut agir.

Le mufti qui persiste et signe dans la fausse interprétation de l’islam doit être désavoué par les députés patriotes au parlement, soucieux du salut de la Tunisie et de l’islam, votant au pas de charge le projet d’égalité successorale.

Et c’est le moment ou jamais au parti Ennahdha de démontrer son sens des responsabilités en apportant la preuve tangible qu’il a évolué. Il doit donc être le premier à apporter son appui à l’égalité successorale. Il prouvera ainsi que l’islam n’est pas cette religion obscurantiste dont donne la plus mauvaise image le mufti, mais une foi humaniste, de son temps, étant susceptible régulièrement d’interprétation selon ses visées.

Alors, M. Ghannouchi, la balle est bel et bien dans votre camp! Désavouez le mufti et pesez de tout votre poids pour l’instauration de l’égalité successorale en Tunisie. Il y va non seulement de votre avenir politique, mais aussi et surtout de celui de l’islam tolérant et progressiste que votre mouvement prétend défendre sans en apporter encore la preuve tangible.

Rappelons donc tous le mufti au vrai islam dont il viole sans le savoir l’esprit en croyant en respecter la lettre ! Réalisons aujourd’hui l’égalité successorale en Tunisie; c’est la saine interprétation de l’islam qui le commande; et c’est l’impératif éthique du moment !

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