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Mawjoudin Queer Film Festival : Le cinéma comme arme de résistance

La 2e édition de Mawjoudin Queer Film Festival, initiative de l’association Mawjoudin, se tiendra du 22 au 25 mars 2019 à Tunis.

Par Fawz Ben Ali

Un point de presse a été donné dans la matinée du vendredi 15 mars auquel ont été invités quelques médias «sûrs» pour annoncer le programme de cette nouvelle édition, avec le souhait de ne pas dévoiler au grand public les lieux dans lesquels se tiendra le festival «pour des raisons de sécurité», précise le comité d’organisation.

C’est désolant de voir que les organisateurs d’un festival culturel en soient ainsi réduits à se cacher de peur d’être agressés dans une société qui continue d’être intolérante envers les minorités sexuelles.

Un festival de cinéma dédié à la thématique «Queer»

L’idée du festival est née dans la volonté de développer les activités du ciné-club organisées dans les locaux de l’association Mawjoudin (We exist) qui lutte pour l’égalité et la protection des droits corporels et sexuels de la communauté LGBTQI en Tunisie, et qui organise pour la deuxième année consécutive ce festival de cinéma dédié à la thématique «Queer», c’est-à-dire à tout ce qui touche aux différentes minorités sexuelles en dehors des stéréotypes et des étiquettes d’un genre ou d’une orientation prédéfinis.

Les membres de l’organisation ont évoqué les contraintes sécuritaires qui les empêchent de communiquer les espaces de projections et de rencontres, au risque de réduire la visibilité du festival.

En effet, la communauté LGBTQI continue de subir une grande répression en Tunisie, victime de violences quotidiennes et de lois homophobes et liberticides. D’où la nécessité d’organiser l’événement dans des lieux sûr.

Mawjoudin Queer Film Festival est un festival militant qui offre un programme axé sur des thématiques sensibles, diversifiées et toujours d’actualité autour des affinités amoureuses interdites et des identités et orientations sexuelles non normatives. Il s’agit avant tout de déconstruite les étiquettes et les normes et d’ouvrir des horizons de réflexion et d’acceptation de l’autre.

Défendre les libertés individuelles et notamment sexuelles

Le programme de cette année est centré sur le cinéma du sud, (des films de Tunisie, de Palestine, d’Inde, du Pakistan, du Philippine, du Kenya …), c’est-à-dire dans les pays où il y a le plus de répression sur les libertés individuelles et notamment sexuelles.

Cette nouvelle édition sera non compétitive pour favoriser les échanges et les débats; elle s’étalera sur 4 jours et comprendra 31 films dont deux tunisiens (un documentaire et un court-métrage de fiction). Un comité de sélection composé de Soumaya Bouallegui et de Nejib Belkadhi a choisi ‘‘À Tribord, je vomis’’ de Tarek Sardi qui a été produit par le festival et qui sera présenté en avant-première à la soirée d’ouverture, suivi par le film kenyan ‘‘Rafiki’’, interdit de projection au Kenya (sélectionné au Festival de Cannes 2018), une émouvante histoire d’amour entre deux jeunes femmes à Nairobi, forcées de choisir entre le bonheur et la sécurité dans une société homophobe.

Au programme également, des ateliers de création théâtrale «Vers un théâtre Queer», des débats, des performances …

Rappelons que l’Organisation mondiale de santé (OMS) a cessé de considérer l’homosexualité comme une maladie mentale depuis 1990. Trente ans après, la Tunisie continue d’appliquer l’article 230 du code pénal qui criminalise l’homosexualité, une loi obsolète datant de 1913, en contradiction totale avec la nouvelle constitution de 2014 qui garantit le respect de la vie privée des citoyens.

Les personnes souhaitant participer au festival sont appelées à prendre contact avec l’association Mawjoudin via leur page Facebook officielle ou leur adresse e-mail mawjoudin.tn@mawjoudin.

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