C’est ce qu’affirme Rizanur Meral, président de la Confédération des hommes d’affaires et des industriels de Turquie (Tuskon), dans cet entretien exclusif avec Kapitalis.

Propos recueillis à Ankara par Mourad Teyeb


 

La Turquie a connu les vingt dernières années un développement spectaculaire. Au point de figurer dans le haut du classement des pays émergents. Aujourd’hui, le pays ambitionne de se positionner sur de nouveaux marchés, en l’occurrence l’Afrique.

Le patron des patrons turcs a parlé à Kapitalis en marge du Forum turco-africain des Médias tenu les 9 et 10 mai à Ankara.

Kapitalis: Tout le monde en Turquie parle de Tuskon. C’est quoi ce géant?

Rizanur Meral: La Confédération des hommes d’affaires et des industriels de Turquie est une organisation civile fondée en 2005 à Istanbul. Elle est formée des fédérations régionales du monde des affaires dispersées à l’échelle nationale.

Tuskon représente aujourd’hui 9.500 hommes d’affaires qui œuvrent dans 124 associations d’hommes d’affaires. Elle est fondée pour contribuer au développement économique et social de notre pays et œuvre à ce que nos entreprises et nos entrepreneurs deviennent des acteurs de l’économie mondiale, en développant des méthodes scientifiques et rationnelles pour notre vie commerciale et industrielle.

Dans cette perspective, Tuskon ambitionne de devenir une institution pionnière dans la diffusion des expériences de nos hommes d’affaires dans les marchés internationaux et pour créer de nouvelles opportunités d’affaires.

Rizanur Meral répond aux questions de notre collaborateur.

Le succès du Tuskon s’explique par sa priorité: générer de l’activité. En Anatolie, nous disposons d’une structure productive solide, mise au point par les haci babalar [l’ancienne génération de «pères» ayant accompli le hadj, le pèlerinage à La Mecque], que les kravatli ogullari [les «fils en cravate»] souhaitent désormais développer.

Nous organisons des rencontres entre des hommes d’affaires turcs et des partenaires potentiels à l’étranger de façon à ouvrir de nouveaux marchés pour l’exportation.

Les exportations, biens de consommation, matériaux de construction, meubles, textile, machines-outils, pièces détachées, etc., représentent 90 % de l’activité des entreprises membres du Tuskon.

Une autre raison explique la popularité du Tuskon chez les hommes d’affaires anatoliens: nous ne nous mêlons pas de politique.  Ce n’est pas le cas d’autres organismes patronaux

Lorsqu’on évoque Tuskon, l’Afrique saute directement à l’esprit. Pourquoi?

Lorsque la crise financière internationale a éclaté, l’Afrique a représenté pour la Turquie une bouée de sauvetage.

Le succès de l’économie turque repose en grande partie sur les liens que le Tuskon a tissés au nom du patronat turc depuis sa création, en 2005.

Implantée essentiellement en Anatolie, l’organisation compte 29.000 sociétés membres, pour la plupart des petites et moyennes entreprises (Pme), même si 100 des 500 plus grandes entreprises turques y sont également affiliées.

Oui, pour beaucoup, qui dit ‘Tuskon’ dit nécessairement ‘Afrique’. Lors de son premier grand rendez-vous, en 2005, l’organisme patronal avait reçu à Istanbul 500 délégués venus de 31 pays africains.

Comment le patronat et la classe des affaires turcs regardent-ils la Tunisie post-révolution ?

Nous pensons que le développement en Tunisie sera plus rapide vu le potentiel des ressources humaines qualifiées. Un potentiel qui doit, cependant, être inclus dans le marché du travail.

La Tunisie est un carrefour d’investissement en Afrique du Nord, d’où le grand intérêt pour les Turcs d’investir en Tunisie.

Avec l’installation graduelle de la démocratie et de la stabilité en Tunisie, les hommes d’affaires turcs sont très confiants quant à l’avenir du climat d’investissement dans votre pays.

Rizanur Meral: "Les hommes d’affaires turcs sont très confiants quant à l’avenir du climat d’investissement en Tunisie".

Vous-même, et d’autres membres du Tuskon, ont récemment visité la Tunisie. Vos visites ont-elles atteint des objectifs palpables?

Les visites et les échanges de tout genre se sont accélérés et seront récurrents.

Lors de notre dernière visite, nous avons rencontré le Premier ministre, quatre ministres ainsi que nos homologues de l’Utica. Des rencontres ‘‘B to B’’ ont même eu lieu avec beaucoup de succès.

Nous programmons d’autres événements turcs en Tunisie

Quels sont les secteurs prioritaires pour les investissements turcs en Tunisie?

Nous nous intéressons surtout à l’industrie, au tourisme, à l’agriculture et l’industrie agro-alimentaire et aux matériaux de construction.

Des investissements dans le secteur portuaire sont aussi prévus. Nous pensons que les ports tunisiens devraient être améliorés, et nous sommes prêts à contribuer à leur mise à niveau.

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