Le 1er salon de la bourse et des services financiers, organisé par la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (Bvmt), se tiendra, du 1er au 3 novembre 2012, au Palais des Congrès de Tunis.
Par Imed Bahri
Investia réunira, autour de la Bvmt et du Conseil du marché financier (Cmf), tous les autres acteurs du marché financier, ainsi que les fournisseurs de services financiers: intermédiaires en bourse et sociétés de gestion, mais aussi les prestataires de services connexes: éditeurs de logiciels spécialisés dans la finance, fournisseurs d’accès Internet…
Développer la culture et la communication boursières
Lors d’une conférence de presse, jeudi, à Tunis, Mohamed Bichiou, directeur général de la Bourse, a fait savoir qu’Investia vise à «développer la culture boursière des acteurs économiques tunisiens, et à les initier à l’information financière et boursière et aux mécanismes et aux règles du marché».
Au programme du salon, des conférences et des ateliers qui traiteront des problématiques de financement de l’entreprise par le marché boursier, de la protection de l’investisseur, des régimes fiscaux et de la démocratisation de l’accès à la bourse.
Mohamed Bichiou, directeur de la Bourse de Tunis.
Ce salon est d’autant plus bienvenu que la place de Tunis a besoin d’un sérieux coup de pouce. Et pour cause : l’investissement national est encore financé à hauteur de 94% par les banques et les établissements de leasing. Le capital risque, qui s’est développé dans le giron des banques, a été détourné de son rôle initial pour devenir une forme déguisée de crédit. L’appel direct à l’épargne s’est très peu développé et le rôle du marché boursier dans le financement de l’économie nationale est resté marginal (autour de 5%).
Le marché boursier tunisien se caractérise, par ailleurs, par un manque de substance et de liquidité avec, notamment, une taille trop petite au regard de l’économie. Le volume moyen d’échanges par jour s’élève à 5 millions d’euros (contre 18 pour le Maroc et 131 pour l’Egypte). La capitalisation boursière s’élève à 8 milliards d’euros (contre 51 pour le Maroc et 59 pour l’Egypte). La part de la capitalisation boursière dans le Produit intérieur brut (Pib) s’établit à 25% (contre 90% au Maroc et 110% en Egypte).
Le nombre réduit de sociétés cotées est un autre indicateur de la faiblesse du marché financier tunisien, qui ne compte pas, par ailleurs, de grands groupes nationaux et est, de ce fait, peu représentatif de l’économie du pays. La liquidité y est d’ailleurs fortement concentrée sur 15 valeurs représentant 70% des échanges.
Fadhel Abdelkefi, président de la Bourse de Tunis.
Rompre avec le «poids des habitudes»
Comment expliquer toutes ses carences eu égard aux opportunités qu’offre la place de Tunis?
Fadhel Abdelkefi, président de la Bourse de Tunis invoque souvent ce qu’il appelle le «poids des habitudes». Il souligne, tour à tour, la prédominance du crédit bancaire dans le financement des Pme, le manque de culture boursière chez les investisseurs, l’absence d’investisseurs institutionnels sur le marché, l’échec des mises antérieures sur le marché d’entreprises publiques, une réglementation contraignante pour les investisseurs étrangers et l’inefficience des Sicar. Autre aspect déploré: les entreprises familiales, qui dominent le tissu économique, répugnent à entrer en Bourse car elles sont peu disposées à respecter la transparence des comptes exigée par la cotation.
Le salon Investia est censé aider à changer cette donne en contribuant au développement de la culture et de la communication autour de la bourse de Tunis et en incitant de nouvelles entreprises à y faire leur entrée, eu égard aux bénéfices qu’elles pourraient en tirer.
La salle de pilotage.
Le marché financier peut, en effet, aider les entreprises à renforcer leurs fonds propres, à valoriser leur patrimoine, à assurer leur transmission intergénérationnelle, à accroître leur notoriété et, cerise sur le gâteau, à bénéficier d’avantages fiscaux non négligeables.
Une bourse dynamique et forte peut aider les investisseurs, grands et petits, à fructifier leur épargne, à diversifier leurs sources de placements et à bénéficier de placements fiscalement avantageux. Quant à l’Etat, il a tout à gagner lui aussi, en assurant plus de transparence dans la gestion des entreprises, en améliorant le levier fiscal et en augmentant sa notoriété auprès des investisseurs internationaux.
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