Les mégaprojets qui seront réalisés à Enfidha et Hergla auront un impact certain sur l’environnement, mais ces impacts sont jugés «acceptables» par les responsables du ministère de l’Environnement et du Développement durable.


Les mégaprojets qui seront réalisés dans la région Enfidha-Hergla (centre-est du pays), à l’instar du port en eau profonde d’Enfidha, de la zone touristique de Hergla et l’aéroport international Zine El Abidine Ben Ali d’Enfidha, ne manqueront pas de dynamiser l’activité économique dans la région. En effet, selon les prévisions, ces projets devraient créer près de 10.000 emplois à l’horizon 2012.

Recul du littoral, réduction des dunes
Afin de préserver les spécificités naturelles et écologiques de la région, le ministère de l’Environnement et du Développement durable a lancé une étude sur «l’évaluation environnementale des mégaprojets prévus dans la région du centre-est», élaborée en quatre étapes.
Les résultats de la 3e phase ont été présentés au cours d’un atelier, mardi 12 octobre, à Tunis. Cette étude a pour objectif d’analyser l’impact environnemental de ces projets de développement et d’identifier les mesures d’accompagnement à même de soutenir cet effort.
L’étude prévoit, à l’horizon 2030 un recul du littoral de 3 mètres, notamment, dans la région de Hergla et une réduction des dunes de sable de 134 hectares actuellement à 45 hectares.
Une baisse des superficies des sebkhas de 2.700 hectares à 1.000 hectares et la disparition de 200 hectares d’algues marines sur un total de 1.270 hectares sont, également, attendues.
L’étude envisage, également, le rejet de près de 7 millions de m3 par an d’eaux de ruissellement contenant environ 17.000 tonnes de déchets et de 14 millions de litres d’eaux traitées dans le milieu marin, avec la possibilité d’un accroissement du taux de salinité des nappes phréatiques et de surface, en raison des travaux de forage du port en eau profonde.
Sur le plan socioéconomique, ces projets seront à l’origine de plusieurs problèmes, liés à la migration intérieure et donc à l’accroissement de la population dans la région à 250.000 habitants, en plus du besoin d’aménagement de plus de 5.500 hectares à des fins d’habitation, estime l’étude.
Autres conséquences prévues: l’augmentation de la demande sur les services de base, tels que l’électricité (300 mégawatts), l’eau potable (14 millions de mètres cube) et la pression qui sera exercée sur les terrains agricoles.
Pour limiter ces impacts environnementaux, l’étude recommande de mettre en place des programmes pour la protection des algues marines au cours des travaux de forage et de curage du port et le contrôle du couvert végétal marin (entre 3 et 20 mètres). Elle préconise aussi de mettre en œuvre un programme de contrôle et de suivi, spécifique au trafic des navires et d’examiner la possibilité d’extraire les déchets des eaux de ruissellement avant leur rejet dans le milieu marin.
Autres recommandations: la réutilisation des eaux traitées pour l’alimentation de sebkhet Sidi Khlifa et la mise en place d’un programme visant la lutte rapide contre la pollution marine générée par les accidents au large.
Les résultats de l’étude révèlent, en outre l’importance d’utiliser des équipements adéquats pour les travaux du port afin de réduire l’érosion marine, de consolider la ceinture des dunes de sable à travers la préservation de la superficie restante de la forêt El Madfoun et la poursuite des efforts de plantation dans le site du projet.

Transport durable, valorisation énergétique et dessalement de l’eau de mer
En ce qui concerne l’aspect urbain, l’étude met l’accent sur l’enjeu de renforcer la capacité des municipalités en matière de suivi de l’évolution urbaine et sa conformité au plan d’aménagement urbain, d’élaborer un plan directeur d’assainissement et d’étudier la possibilité de dessalement de l’eau de mer.
Le document souligne, également, l’importance d’élaborer une étude sur le transport durable et un programme de valorisation énergétique, outre le recours aux énergies propres.
M. Noureddine Ben Rejeb, chef de cabinet du ministre de l’Environnement et du Développement durable, a indiqué que les résultats de la troisième phase de l’étude révèlent que l’impact environnemental sera «acceptable», pour peu que les mesures d’accompagnement soient prises au moment opportun. Le but étant de garantir la pérennité de l’ensemble des projets programmés dans la région.
Le responsable a souligné l’enjeu de mettre en place un système cohérent pour assurer le suivi de la concrétisation de ces mesures et de l’évolution des indicateurs environnementaux et de développement sur le moyen et le long terme, relevant que le succès de cette évaluation stratégique, première en son genre en Tunisie, demeure la responsabilité de toutes les parties intervenantes dans ce domaine.

Source : Tap.

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