Zoubeir Ben Terdeyet est un Français originaire de Tunisie. Spécialiste en finance islamique, il œuvre pour le développement de cette activité en Algérie, en organisant le 3e Forum algérien de la finance islamique les 8 et 9 novembre à Alger.
A 32 ans, cet expert-comptable français natif de Djerba, en Tunisie, dirige Isla Invest, un cabinet de conseil en finance islamique. Il anime aussi une association d’entraide pour travailleurs musulmans en France ‘‘Les Dérouilleurs’’, en référence aux jeunes qui «rouillent» au bas des immeubles. A travers cette association, déjà basée à Paris, Strasbourg, Lyon, Marseille, même et hors de France à Casablanca, Dubaï et Londres, il veut montrer «que l’on peut être musulman et réussir sa vie professionnelle sans se renier.»
L’enfant de banlieue devenu expert en finance halal
Né en 1978 à Djerba, en Tunisie, Zoubeir Ben Terdeyet arrive en France à l’âge de deux ans avec sa mère pour rejoindre un père qui travaille alors dans le nettoyage industriel. Trois de ses frères naîtront dans l’appartement familial de Saint-Germain-en-Laye, en banlieue région parisienne.
Après des études en sciences économiques à l’université de Nanterre, le jeune Zoubeir devient expert-comptable. Mais c’est, en 2002, pendant un stage à Noriba Bank, filiale de la banque suisse Ubs, leader en Europe de la finance islamique, qu’il se familiarise avec cette activité. Il travaille ensuite chez Aareal Bank, Kpmg (Grande-Bretagne), Deloitte et Altime, mais il n’a qu’une idée fixe: maîtriser la finance islamique. Aussi ne tarde-t-il pas à fonder Isla Invest Consulting (Iic), le premier cabinet en France à se spécialiser dans le conseil en investissements financiers et immobiliers selon des normes conformes à l’éthique islamique.
Basée à Nanterre, Iic est en train de développer ses activités au Maghreb. Elle a notamment travaillé pour la banque Al Baraka et pour les Assurances Salama en Algérie.
La finance islamique en Algérie
Zoubeir Ben Terdeyet, qui organise chaque année, depuis 2008, le Forum africain de la finance islamique, va tenir le 3e Forum algérien de la finance islamique les 8 et 9 novembre à Alger. «Nous voulons faire de l’Algérie un levier de bataille pour la finance islamique en Afrique, notamment dans la zone du Maghreb», affirme-t-il.
En Algérie, où les autorités financières encouragent les banques traditionnelles à ouvrir des guichets spécialisés dans la finance islamiques, les opérateurs spécialisés dans ce segment d’activité, notamment El Baraka Banque Algérie, ne cessent d’appeler à l’adaptation de la législation bancaire locale aux spécificités de cette activité particulière.
Outre Al Baraka, qui a ouvert en 1999, l’Algérie s’est dotée d’une compagnie d’assurance halal, Salama Assurance. D’autres établissements bancaires islamiques attendent l’agrément des autorités, notamment Al Salam Bank Algeria, Abou Dhabai Islamique (Adib) et Kfh Bank, qui cherchent à se positionner dans les marchés des particuliers et des Pme-Pmi.
La finance islamique a commencé à se développer dans les années 70 dans les monarchies pétrolières du Golfe, avant d’essaimer un peu partout dans le monde. Aujourd’hui, plus de 700 milliards de dollars d’actifs sont gérés selon les principes de la charia dans le monde. Le secteur s’est accru de plus 15% annuellement au cours de la dernière décennie. En Afrique, 37 institutions financières opèrent dans ce segment pour une population musulmane estimée à 412 millions d’habitants.
Selon une étude de Moody’s, le marché de la finance islamique en Afrique est estimé à 235 milliards de dollars pour un volume actuel de «seulement» 18 milliards, un potentiel de croissance qui fait rêver.
Imed Bahri
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