La Tunisie, qui cherche à diversifier ses marchés d’exportations et ses partenariats économiques, a longtemps essayé de développer des passerelles avec les Etats-Unis, la première puissance économique au monde. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres…


Les contacts et les approches entre les deux pays se multiplient, mais les résultats restent en-deçà des ambitions. Pour preuve: la Tunisie n’est «que» le 94e client des Etats-Unis. Notre pays exporte sur ce marché des produits agroalimentaires, d’artisanat et textiles... Mais si elles ont augmenté de 30% entre 2004 et 2008, les exportations de la Tunisie vers les Etats-Unis ne représentent «que» 1,67% de ses exportations totales.
Cette faiblesse s’explique par le manque de visibilité des produits tunisiens sur le marché américain, l’absence de communication ainsi que les ventes déséquilibrées des produits agroalimentaires.
A titre indicatif, la Tunisie, qui est le 4e producteur mondial d’huile d’olive, n’exporte que très peu ce produit vers le marché américain.
Pour aider à remédier à cette situation, la Chambre du commerce tuniso-américaine (Tacc), qui réunit les opérateurs tunisiens les plus actifs sur le marché américain, multiplie les missions et les réunions dans les deux pays. Le 7 octobre dernier, elle a consacré un déjeuner-débat à l’examen des moyens de «développer les échanges commerciaux et opportunités de diversification entre les Etats-Unis et la Tunisie».

Des secteurs propices aux projets mixtes
Le débat, qui était présidé par MM. Ridha Ben Mosbah, ministre du Commerce et de l’Artisanat, et Gordon Gray, ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie, a porté sur les moyens de consolider la coopération économique et commerciale entre les deux pays.
M. Ben Mosbah a admis que les échanges commerciaux entre la Tunisie et les Etats-Unis demeurent en deçà du potentiel des deux pays, relevant le peu de contacts entre les milieux d’affaires tunisien et américain, via, notamment, les organisations professionnelles, comme le Centre tunisien de promotion des exportations (Cepex), ou encore les chambres de commerce. Le responsable a déploré aussi la modestie des flux des investissements directs américains dans notre pays (hors hydrocarbures).
Parmi les secteurs où des projets mixtes pourraient intéresser des investisseurs américains, M. Ben Mosbah a cité ceux déjà identifiés dans l’Etude stratégique de l’industrie à l’horizon 2016, à savoir les technologies de l’information et de la communication (Tic), les énergies renouvelables, les biotechnologies et la recherche scientifique…
Pour Nazeh Ben Ammar, président de la Tacc, son association ne cesse d’œuvrer pour faire connaître, auprès des entreprises américaines, les incitations à l’investissement accordées en Tunisie, et pour promouvoir les échanges entre les deux pays. Dans ce cadre, la Tacc s’apprête à mettre en place des réseaux d’affaires plus actifs au service des opérateurs des deux pays. Une évaluation de l’environnement économique et du niveau de satisfaction des entreprises américaines implantées en Tunisie a été réalisée par la Tacc, qui fera l’objet d’une conférence de presse, le 19 octobre, a annoncé M. Ben Ammar.

Un site d’investissement prometteur
«La Tunisie bénéficie d’une excellente renommée aux Etats Unis d’Amérique et est considérée parmi les sites d’investissement prometteurs dans la région à la faveur de sa stabilité politique et sociale, outre les ressources humaines dont elle dispose, l’Etat ayant parié sur l’enseignement», a souligné, de son côté, David A. Hamod, président de la Chambre nationale américano-arabe de commerce (Nusacc), au cours d’une conférence de presse, le 24 septembre, au siège de l’Ambassade des Etats-Unis à Tunis.
M. Hamod, qui effectuait une tournée dans les pays du Maghreb à la tête d’une importante délégation d’hommes d’affaires américains, a fait aussi remarquer que grâce à la poursuite de la libéralisation de son économie et la modernisation de ses législations commerciales et d’investissement la Tunisie peut attirer davantage d’investissements américains.
Il a annoncé l’engagement de la Nusacc, qui œuvre avec plus de un million de petites et moyennes entreprises (Pme) aux Etats-Unis, à promouvoir la coopération avec les Pme tunisiennes et présenter aux Etats-Unis les larges opportunités d’investissement que la Tunisie recèle.
Le responsable américain a également rappelé que, dans le cadre d’un projet avec la Nusacc, les tunisiens ayant achevé leurs études dans des universités américaines pourront effectuer des stages et acquérir une expérience professionnelle dans les entreprises économiques de son pays.

Un trait d’union commercial
Selon M. Gordon Grey, ambassadeur des Etats-Unis, la Tunisie peut être un trait d’union commercial entre les Etats-Unis, le Maghreb arabe et l’Afrique. Plusieurs entreprises américaines ayant investi en Tunisie profitent des exemptions fiscales que l’Etat offre ainsi que de la main d’œuvre compétente, a-t-il souligné. L’ambassadeur a ajouté que ces entreprises tirent profit des relations commerciales que la Tunisie a établies avec les pays du Maghreb arabe et l’Union européenne (Ue).
Les Etats-Unis et la Tunisie, qui ont des relations historiques solides, sont appelés à hisser à des paliers supérieurs leur coopération économique dans l’intérêt des deux peuples amis. L’ambassadeur a indiqué, par ailleurs, que plusieurs sociétés américaines prendront part aux travaux du séminaire sur l’exemption fiscale qui se tiendra à Tunis les 2 et 3 décembre, ajoutant qu’il présentera lui-même les vastes opportunités d’investissement en Tunisie au cours de prochaines visites à Chicago, New York et Houston.
Tout en mettant en exergue les opportunités d’exportation des produits agroalimentaires tunisiens vers le marché américain, en particulier l’huile d’olive biologique conditionnée, M. Ben Ammar, président de la Tacc, a indiqué, de son côté, qu’une foire se tiendra dans la ville de Manhattan, du 30 novembre au 3 décembre, qui présentera les produits de 12 entreprises tunisiennes d’artisanat.

Le préalable de la maîtrise de l’anglais
Au cours du séminaire intitulé «Doing business with the USA», organisé à Tunis, le 18 mai, par l’ambassade des Etats-Unis en Tunisie, le Fonds d’accès aux marchés d’exportation (Famex), le Centre technique de l’emballage et du conditionnement (Packtec), la Tacc, le Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (Cjd), la Chambre de commerce et d’industrie du centre (Ccic) et la Jeune chambre internationale d’El Menzah, les participants ont recommandé, comme préalables, la maîtrise de la langue anglaise, l’élaboration de bons supports marketing (en vidéo, sur site Internet), le recours aux services d’experts en marketing pour effectuer des études de marché, la mise en place de stratégies de promotion appropriées, l’amélioration de la qualité des produits et l’option pour l’innovation.
La connaissance des réseaux de distribution est aussi exigée pour accéder à ce marché fort de 450 chaînes de distribution alimentaire et où les produits biologiques et naturels sont fortement demandés.
Il convient ici de rappeler que, pour faciliter l’accès des exportateurs tunisiens à ce marché, le Famex apporte son appui et assistance au niveau de l’élaboration d’une stratégie de pénétration. Il offre une assistance financière (50% pour une entreprise et 70% dans le cas d’un groupement ou d’un consortium) ainsi qu’une aide à l’implantation sur place.

Imed B.

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