Dans un communiqué publié le 25 novembre à Tokyo, l’agence japonaise de notation financière Rating and investment (R&I) a, en effet, confirmé la notation souveraine de la Tunisie (A-) avec perspective stable. Le Fonds monétaire international (Fmi) a, pour sa part, dans un communiqué publié le 24 novembre, loué la gestion macroéconomique saine du gouvernement tunisien et les réformes structurelles qu’il a mises en œuvre en temps opportun.
Croissance soutenue malgré la crise
La décision de R&I de maintenir inchangé le rating de la Tunisie ‘‘A-’’ intervient suite à la mission d’évaluation effectuée par une délégation de cette agence en Tunisie, du 28 au 30 juin, qui a donné lieu à une série d’entretiens avec les ministères de l’Industrie et de la Technologie, des Finances, du Développement et de la Coopération internationale, du Tourisme et de l’Emploi et de la Formation professionnelle, ainsi que des responsables de banques ou d’entreprises publiques et privées, en plus des représentants du corps diplomatique établis en Tunisie.
L’agence a retenu particulièrement à l’actif de la Tunisie la réalisation, en 2009, pourtant année de crise, d’un taux de croissance de 3,1% soutenu par la demande intérieure, les actions entreprises par les autorités monétaires pour réduire le niveau du ratio des créances classées à 13,2% contre 20% il y a cinq ans, une croissance adéquate des crédits à l’économie et la «gestion budgétaire disciplinée» suivie par le gouvernement tunisien, qui a permis de maintenir le déficit budgétaire à un niveau acceptable de 3% en 2009.
L’agence japonaise met l’accent sur la capacité de résistance de l’économie nationale aux effets de la crise financière et sa réussite à préserver les équilibres interne et externe, l’habilitant à préserver ce niveau de rating auquel le pays avait accédé, depuis 2007.
Bonne réactivité des autorités
Ces résultats, l’agence les considère comme «le fruit de la réactivité des autorités tunisiennes» qui ont mis en place, dès les premiers signes d’amplification de cette crise, une stratégie cohérente visant, dans une première étape, à assurer la sécurisation des réserves en devises et la stabilité financière et, dans une deuxième étape, à préserver les entreprises exportatrices des effets de cette crise, tout en soutenant leur capacité à créer des emplois.
Cette nouvelle confirmation du rating de la Tunisie après celle de Standard & Poor’s, intervenant dans un contexte international particulièrement marqué par les actions de «downgrading» ou abaissement des notations souveraines dans le sillage de la crise de la dette souveraine, témoigne clairement de la capacité de résistance dont a fait preuve l’économie tunisienne dès le déclenchement de la plus grave crise économique et financière depuis les années 30.
L’agence japonaise, ajoute dans son communiqué, qu’elle s’attend «à ce que le gouvernement soit en mesure de préserver la stabilité macro-économique et financière, ce qui devrait renforcer encore plus sa crédibilité auprès des institutions financières et des marchés internationaux, d’autant plus qu’il a, jusque là, poursuivi une gestion rigoureuse des politiques économique et monétaire».
R&I souligne que sur «la base de l'expérience avérée, le risque de s’écarter de l’objectif fixé par les autorités en terme de déficit budgétaire pour les années à venir, est considéré comme faible».
Amélioration des paramètres de la dette
Par ailleurs, elle relève l’amélioration notable des paramètres de la dette extérieure et publique, grâce aux performances en terme de croissance et à une politique délibérée de ne pas recourir aux marchés de capitaux en 2008 et 2009.
Fruit des profondes réformes structurelles engagées par la Tunisie depuis plus de deux décennies, cette nouvelle notation positive de la Tunisie ne manquera pas de rejaillir positivement sur sa crédibilité sur les marchés internationaux, notamment, en facilitant la mobilisation des ressources extérieures aux meilleures conditions financières, tant en terme de coût effectif que de marge de crédit et de maturité. Elle contribuera, également, à améliorer l’image, dont elle jouit en tant que site d’attraction des capitaux étrangers.
Bien qu’elles fussent sévèrement critiquées depuis le déclenchement de la crise financière mondiale en 2007, les appréciations du risque pays des agences de notation continuent à constituer la principale référence sur laquelle se basent les investisseurs internationaux pour arrêter leurs décisions d’investissement, qu’il s’agisse d’investissements directs ou de portefeuille.
Forte reprise des exportations manufacturières
Le Fonds monétaire international (Fmi) estime, pour sa part, que la Tunisie a bien surmonté la crise mondiale grâce à une gestion macroéconomique saine et à des réformes structurelles mises en œuvre en temps opportun.
Le Fonds, qui a publié, le 24 novembre, un rapport sur la conclusion des consultations de 2010 au titre de l’article IV, ajoute que la Tunisie est parvenue à adopter une démarche qui lui a permis de surmonter les effets pervers de la crise financière mondiale et d’atténuer l’impact de la baisse de la demande extérieure.
Le rapport, fruit d’une mission effectuée du 2 au 15 juin, à Tunis, relève que la croissance économique s’est accélérée, depuis le milieu de 2009, pour atteindre 4,5% au cours du premier trimestre de 2010.
Cette accélération est imputable à une forte reprise de la demande des exportations manufacturières (essentiellement des industries mécaniques et électriques et du textile- habillement).
La demande intérieure a, quant à elle, été soutenue par une forte consommation alimentée par l’augmentation du revenu par tête d’habitant.
Analysant la politique budgétaire de la Tunisie, le Fmi souligne qu’en dépit de l’augmentation de deux points du déficit budgétaire, le ratio de la dette publique a continué à chuter en 2009, passant de 43,3% du Pib en 2008 à 42,8% en 2009.
Bonnes performances du système financier
Le fonds salue les résultats du secteur financier, restés solides malgré la crise. La mission du Fmi explique cette performance par la tendance des banques tunisiennes à recourir à leurs ressources intérieures, tirant parti d’une solide croissance des dépôts (+13% en 2009) et restant ainsi indépendantes du financement extérieur
Résultat: les indicateurs de solidité financière ont continué à progresser tandis que la croissance du crédit est restée stable, contrairement aux autres pays de la région.
L’indice de la bourse de Tunis a aussi enregistré une hausse, ce qui reflète la bonne santé financière des sociétés cotées.
Politique monétaire saine
Evoquant la politique monétaire adoptée par la Tunisie, le Fonds indique que la Banque centrale de Tunisie (Bct) a réagi avec prudence face à la crise financière, en assouplissant la politique monétaire au cours de la première moitié de 2009, et a œuvré, depuis lors, à absorber les liquidités excédentaires dans le système bancaire pour contenir les pressions inflationnistes.
Dans ce contexte, la mission du Fmi estime que l’inflation est restée modérée avec une moyenne de 3,8% en 2010.
Kapitalis, avec Tap.
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