Le secteur de titres de repas, plus généralement connu sous l’appellation tickets restaurants, n’a pas échappé à l’emprise du clan Ben Ali. Des intervenants lancent aujourd’hui une opération assainissement.


Le fait est que Sodexo, la société française des tickets de repas, détient pas moins de 82,5 % du capital de Sodexo Tunisie. Le reste, soit 17,5 % du capital, est détenu par Samira Trabelsi, épouse Maherzi, aujourd’hui sous le coup de poursuites judiciaires.

Un tas d’injustices
Pour les concurrents tunisiens de Sodexo longuement ignorés par les entreprises tunisiennes, publiques comprises, le secteur a beaucoup souffert de la mainmise du clan du président déchu.
Ils disent que, selon la législation tunisienne, le secteur des services administratifs, auquel appartient l’activité  des tickets repas, n’est pas ouvert aux investisseurs étrangers. Et même s’il l’est, dans certains cas, la participation étrangère ne peut dépasser les 49% du capital.
Sous Ben Ali, Sodexo Tunisie s’est accaparée de 73% du marché tunisien (estimé à environ 80 millions de dinars) selon son directeur général lui-même.
Slim Ben Ammar, qui parlait récemment dans une conférence de presse, n’a pas nié cette part du marché et s’est même vanté que Sodexo n’a été choisi par ses clients publics et privés que sur la base de «critères objectifs et concrets» tels que son «attachement au plus haut point à l’éthique, à la déontologie et à la concurrence loyale».
Ben Ammar est persuadé que les clients historiques (banques et assurances…) sont «partagés, pour la plupart, entre plusieurs émetteurs». Ou peut-être ce qui reste du marché. Imaginons, avant le 14 janvier 2001, un dirigeant tunisien refuser d’accorder le marché des Tickets à une entreprise autre que Sodexo!
Pourtant, tout au long du règne de Sodexo, plusieurs entreprises privées ainsi que d’établissements publics ont constamment ignoré la législation relative à l’incitation à l’investissement (voir).

Le calvaire continue
Du temps des Ben Ali-Trabelsi, les plus grandes entreprises publiques tunisiennes traitaient à 100% avec Sodexo. Il s’agit entre autres de Tunisair, l’Ertt, le Premier ministère, le ministère des Domaines de l’Etat, le Cni, la Poste tunisienne, les assurances Ami, la Bts, etc.
Curieusement, ce statu quo a l’air de survivre à la révolution.
D’une part, Sodexo, et son (nouveau) patron Slim Ben Ammar défendent bec et ongle tout lien avec les Trabelsi (sic).
Et de l’autre, des entreprises publiques continuent à traiter avec Sodexo, dont la principale actionnaire n’était autre que Samira, sœur de Leïla Trabelsi.
Selon des intervenants du secteur, le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Education physique a tout récemment, c’est-à-dire après le 14 janvier, signé un contrat avec Sodexo.
Dans quelques secteurs de l’économie et dans quelques franges de la société, la rupture totale avec le passé n’est peut-être pas pour demain.
Selon des sources, des sociétés émettrices s’associeraient prochainement avec des activistes tunisiens et étrangers pour lancer une opération judiciaire à l’encontre de Sodexo Tunisie et les nombreuses infractions légales et déontologiques que connaît cette activité.

Mourad Teyeb