Une question s’est imposée à la rencontre, mardi, de la cellule de communication du Premier ministère: celle du marché parallèle, qui explose dans le pays. Mais le gouvernement laisse faire...
Par Zohra Abid


Il y a un peu plus de deux mois, un représentant du ministère du Commerce et du Tourisme, interrogé par Kapitalis sur l’explosion du marché parallèle après le 14 janvier, avait déclaré que l’ordre allait «bientôt être rétabli». A le croire, cela devait être réglé dans les semaines qui suivent. Et pour cause, expliquait-il, son département travaillait jour et nuit pour résoudre ce problème. Il s’agissait, selon ses termes, d’«éradiquer définitivement ce marché illégal», qui nuit aux commerçants et gêne les piétons, ne trouvant plus un pavé pour circuler. Sans oublier l’anarchie moyenâgeuse qu’il installe dans nos villes.

«Une question de temps», disait-il
Le responsable affirmait que les autorités étaient en train de conjuguer leurs efforts pour faire en sorte que le marché parallèle, qui fut longtemps l’affaire des Trabelsi, devienne rapidement de l’histoire ancienne. «Il n’y aura plus de trafiquants et de mafias. Ces commerces vont tout naturellement disparaître. Car le stock finira par s’épuiser... C’est une question de temps», disait-il.


De bric et de broc...

Depuis, des mois se sont écoulées et rien n’a changé. Les Trabelsi ne sont plus là. La plupart sont en fuite ou en prison, mais le marché en parallèle, longtemps associé à leur nom, fleurit pour de bon.
Le stock des produits introduits frauduleusement – et sans payer la douane – par les Trabelsi avant le 14 janvier sont-ils inépuisables? Interrogé sur ce sujet, mardi, à l’occasion de la rencontre périodique avec la presse au Premier ministère, Fathi El Fadhli, directeur des recherches économiques au ministère du Commerce et du Tourisme, a admis que le marché parallèle envahit les villes, mais il s’est contenté de réitérer la promesse que «l’anarchie actuelle va bientôt disparaître».

L'art de botter en touche
Par qui les Trabelsi ont-ils été remplacés? Et ces produits de soins, d’hygiène et paramédicaux exposés sous un soleil de plomb et à même le sol, est-ce normal?
A ces questions, l’intervenant n’a pas donné de réponses claires. Il a renvoyé la responsabilité à ses collègues des autres départements: Intérieur, Finance, Santé... Une manière de diluer la question ou de botter en touche.


Des produits étalés à même le trottoir.

La solution, on l’a compris, n’est pas pour demain la veille. Quant au phénomène, on avait peut-être tort de l’avoir associé exclusivement aux Trabelsi. Ces derniers n’auraient pas pu agir tous seuls. Ils sont partis, mais leurs «associés» sont encore là. Qui sont-ils ? Sont-ils si puissants que les services du ministère du Commerce et du Tourisme n’arrivent pas à les mettre hors d’état de nuire?

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