Second article de la série «Les journaux en ligne tunisiens dans la course à l’audience et à la publicité : petites ruses et coups bas» ou comment comptabiliser des visites imaginaires…
Par Imed Bahri
Avec la montée en puissance de Twitter, Facebook et des réseaux sociaux en général (Linkedin, Youtube, Google+, etc.), le bouche-à-oreille est devenu aussi important que le référencement pour ramener le maximum de trafic vers son site.
C’est de là qu’un nouveau métier vient de voir le jour en Tunisie : le Community Manager. Son rôle : travailler sur les réseaux sociaux pour alimenter ce bouche-à-oreille (le fameux buzz) et travailler la réputation de la marque ou du média sur les différents supports électroniques. D’où l’appellation e-reputation.
C’est facile comme un buzz
Or, plus on parle de la marque ou du média, plus l’audience du site sera meilleure et donc la vente des espaces pub sera plus facile et plus lucrative.
Jusque là, rien d’anormal. Mais il est possible qu’un Community Manager puisse utiliser des stratagèmes peu orthodoxes pour alimenter ce buzz. On citera à la volée, l’achat de fans d’autres pages fan pour augmenter la sienne. Ou encore la création de plusieurs faux comptes facebook/twitter grâce auxquels le média inonde les réseaux sociaux par des commentaires élogieux envers sa marque et/ou des liens vers son site Web. Cette dernière méthode a par ailleurs été utilisée par un parti politique tunisien durant sa campagne électorale.
Ceux qui suivent de près les pages Facebook remarqueront, parfois, qu’elles diffusent des liens vers d’autres pages fans, plus ou moins concurrentes. Dans certains cas, les administrateurs de ces pages établissent un accord avec leurs homologues pour se renvoyer des fans afin d’augmenter le nombre de leurs affiliés. Rappelez-vous que plus il y a de fans, plus la prestation de diffusion de liens sponsorisés et/ou d’articles sera chère.
Mais si un média (ou une marque) veut fédérer une grande communauté autour de son site/produit via sa page fan officielle, que doit-il faire ? Il s’«achète des fans». Mode d’emploi…
J’ai un site Internet. Je lui ai créé sa page fan (appelée ‘’Page Z’’) et maintenant je cherche à la remplir le plus rapidement possible avec des milliers de fans. Je contacte alors une agence qui possède à son actif plusieurs pages Facebook (dont la ‘’Page Y’’) et qui ont à leur compteur des dizaines de milliers d’affiliés.
L’administrateur de la ‘’Page Y’’ poste le lien vers la ‘’Page Z’’. Sur chaque 1.000 nouveaux affiliés à ma page fan, je casque environ 80 dinars à l’administrateur de la ‘’Page Y’’ (ou à son agence).
Bien entendu, ces tarifs varient d’une page à une autre. Ils dépendent aussi des agences gèrant les pages.
M’as-tu vu sur Google ?
Facebook s’avère donc un moyen efficace pour gagner de l’audience et/ou se faire mieux connaître sur le Web. Mais sur Internet, cette méthode n’est pas efficace pour avoir un trafic permanent et gratuit.
Google, Bing et autres moteurs de recherche sont en effet des conditions sine qua non pour être «vu» sur le Web. Un média qui est mal référencé sur les moteurs de recherche est, autant dire, un média inexistant.
Dans le microcosme du Net, le Webmarketeur est une personne qui se charge de trouver les meilleures stratégies afin d’augmenter la visibilité de la marque sur Internet. Ces stratégies passent par des techniques d’optimisation. Une sorte de «recettes» à appliquer dans les techniques de développement Web ou dans la façon avec laquelle on écrit ou administre un article sur la plateforme de publication du site (Joomla, Wordpress, etc.).
Seulement voilà. Tout le monde a fini par connaitre ces «recettes». Les recherches sur Google concernant les techniques de référencement sont disponibles et gratuites dans toutes les langues.
C’est de là que ces mêmes Webmarketeurs utilisent, parfois et à la demande du client, des moyens subterfuges pour court-circuiter la concurrence. On en citera pour exemple : l’auto rafraichissement des pages.
C’est moi, ou ça vient de se rafraichir tout seul ?
Via un code injecté dans la page Web, le navigateur peut être forcé à re-télécharger la page toutes les X secondes. Ce X est généralement de 30 minutes. Pourquoi donc ? Tout d’abord, il faut savoir que sur le Net, une session de navigation Web dure une demi-heure (pour les technophiles, ceci correspond à la validité d’un cookie).
Voici un exemple de type de code : meta http-equiv="refresh" content="100;URL=http://www.site.tn"
Notons que dans cet exemple, la variable X est fixée à 100 secondes. En d’autres termes, le navigateur rafraichira automatiquement la page Web toutes les 100 secondes.
Prenons maintenant un cas pratique : Quand je me connecte sur un site Internet, le serveur me détecte via une adresse numérique appelée IP. Pour l’outil de mesure d’audience comme Google Analytics, cette IP correspond à un visiteur.
Si je reste inactif sur le site et qu’au bout de 30 minutes il y a un rafraichissement de la page, le Google Analytics va alors me considérer comme un nouveau visiteur. Pourtant, c’est toujours la même IP. Mais vu que la session a expiré, l’outil de mesure d’audience (Google Analytics) comptabilisera cette action de rafraichissement comme étant une nouvelle consultation, et donc une nouvelle visite. Plus ce «X secondes» sera réduit, plus le nombre de pages vues, en une seule session, sera plus important.
En clair, cette méthode d’autorafraichissement servira à gonfler le nombre des pages vus, et des visiteurs avec. Ce qui se traduit par un prix plus cher de la vente des espaces publicitaires du site. Ce qui est moyennement malhonnête : faire payer les clients des visites imaginaires. Beaucoup de sites tunisiens y recourent. Et un bon technicien peut facilement les débusquer. La méthode est disponible pour qui sait chercher.
Une autre méthode, encore moins «correcte», mais qui est tout de même utilisée par certains Web médias nationaux : l’URL Rewriting.
A suivre.
Articles précédents :
Les sites tunisiens cherchent l’audience chez… Facebook (1/4)