«Le jeune homme de Byrsa», l’un des ancêtres des Carthaginois, dont la tombe a été découverte par hasard en 1994, fera l’objet d’une exposition au Musée national de Carthage, du 15 octobre à fin mars prochain.


Nous ne pouvons deviner sa dernière pensée, celle qui lui a traversée l’esprit quand il a fermé les yeux pour l’éternité, mais il y a fort à parier qu’il était loin d'imaginer qu’il deviendrait, quelque 2600 ans plus tard, un objet de curiosité et de grande émotion pour la postérité.

Une dépouille quasi intacte
Lui, c’est «le jeune homme de Byrsa», un personnage ayant vécu à Carthage au VIe siècle av. J.-C., et dont le tombeau fut découvert en 1994, sur le flanc sud de la colline de Byrsa, à la faveur du plus fortuit – et heureux – des hasards. Tout est en effet parti de la volonté du directeur du musée de Carthage à l’époque, Abdelmajid Nabli, de planter un arbre à l’entrée du musée. Et c’est à l’exact emplacement choisi qu’on a découvert la présence d’une belle tombe datant de l’époque punique, et renfermant la dépouille quasi intacte de notre Carthaginois.
S’ensuivit une étude anthropologique menée par le professeur Sihem Roudesli-Chebbi, qui a permis d’établir qu’il s’agissait d’un homme très jeune, ravi à la fleur de l’âge, «assez robuste et d’une belle stature d’environ 1m70, présentant un crâne plutôt long, un front large, une face relativement étroite, un orifice nasal fin, des orbites hautes, et une région mentonnière plutôt carrée», caractères qui ont permis à l’anthropologue de conclure à un Carthaginois «de type europoïde, encore appelée caucasoïde, et plutôt même hispanique».
La suite fut menée dans l’atelier parisien d’Elisabeth Daynès, dermoplasticienne, spécialiste mondialement connue des reconstitutions à partir des fossiles, qui s’est penchée sur cette reconstitution après avoir réalisé celles de l’Homme de Neandertal, de Lucy, et du portrait du pharaon Toutankhamon.
Etroitement liée à la médicine légale et la criminologie, la dermoplastie, expliquent les organisateurs, s’effectue en deux temps: une carte d’identité du sujet est d’abord dressée à partir de l’étude du crâne et du mandibule, la mise en place des masses musculaires sur l’ensemble du crâne et sur le reste du corps est effectuée ensuite.
Le fruit de ces efforts sera couronné par une exposition au Musée national de Carthage, dont le vernissage est prévu pour ce vendredi 15 octobre, et l’ouverture au public à partir du 16 octobre et jusqu’au mois de mars prochain.
Placée sous le haut patronage du président Zine El Abidine Ben Ali, cette manifestation est le résultat d’une collaboration entre le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, l’Institut national du patrimoine (Inp), l’Agence de la mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (Amvppc), l’Institut français de coopération (Ifc), et le Conseil international des musées (Icom).

La physionomie des Carthaginois
En guise de préambule, les visiteurs de l’exposition pourront découvrir la tombe où gisait la dépouille du «jeune homme de Byrsa».
L’exposition en elle-même occupe trois salles. Dans la première seront exposés, outre le squelette du Carthaginois, les objets qui ont été retrouvés dans sa tombe (deux amphores, une lampe punique, des cabochons, un bout de lin, ainsi que les os d’une oie). Le «jeune homme de Byrsa» rayonne de toute sa splendeur dans la deuxième salle. Il porte une tunique blanche, des spartiates grecques, ainsi qu’un pendentif et un chapelet, deux copies à l’identique de ceux retrouvés sur sa dépouille.
Une projection d’un court métrage didactique sur le processus de la dermoplastie éclairera les visiteurs sur cette technique au confluent de la science et de l’art.
Cette manifestation, qui a fait l’objet d'un point de presse tenu, lundi, au Musée national de Carthage, devrait «permettre au monde savant et au grand public, tunisien et étranger, de retrouver, en tous cas d’approcher au près la physionomie d’un de nos ancêtres Carthaginois», selon Leïla Lajimi Sebai, présidente Icom Tunisie, et commissaire de l’exposition.
Et le jeune de Byrsa ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Tant qu’à faire, il fera, à la suite de cette exposition, le voyage à Beyrouth, sur la terre de ses probables ancêtres phéniciens, le temps d’une exposition prévue au musée de l’université américaine à Beyrouth.

Source : Tap.

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