Citoyens Genevois, parti d’extrême droite, engrange les bénéfices de sa politique anti-étrangers et anti-arabes. Une plainte déposée par la Libye contre son leader ajoute à sa… popularité. Haykel Ezzeddine, Genève
Il l’a bien cherché le député, Eric Stauffer, leader controversé du Mouvement Citoyen Genevois (Mcg). Pour illustrer la campagne de son parti pour les votations du 28 novembre sur le renvoi des criminels étrangers, il a fait faire une affiche dans laquelle il a ajouté la photo du leader libyen avec la mention: «Il veut détruire la Suisse».
Une provocation préméditée
Hors sujet bien sûr. Et, surtout, une provocation gratuite, qui n’apporte rien au débat passionnel sur la place des étrangers en Suisse, encore un, après celui relatif à l’interdiction des minarets au pays des Helvètes.
Placardée en ville de Genève en 450 exemplaires avec une version expurgée de la photo de Mouammar Kadhafi, suite à une censure imposée par les autorités cantonales et fédérales, l’affiche de toutes les polémiques vient de rajouter un épisode pénal à son itinéraire.
Eric Stauffer, le trublion populiste
La Libye a envoyé ces derniers jours un courrier au Département fédéral des affaires étrangères pour protester contre l’utilisation de l’image de Mouammar Kadhafi dans une campagne de votations en Suisse.
L’autorité fédérale a déposé à son tour une plainte contre Eric Stauffer qui risque jusqu’à trois ans de prison et une amende, s’il est reconnu coupable en vertu de l’article 296 du code pénal condamnant tout outrage à un Etat étranger...
Le Président du Mcg, coutumier des provocations en tout genre, ne craint pas cette nouvelle plainte à son encontre. Au contraire, il compte sur cette affaire pour faire encore parler de lui.
Vu que le code pénal suisse va changer en début d’année et vu qu’une telle affaire ne pourra trouver un épilogue avant des mois, Eric Stauffer ne fera certainement pas de prison. Tout au plus, s’il est reconnu coupable, sera-t- il condamné à une peine pécuniaire.
Une atteinte à la liberté d’expression !
Bien que bon nombre de politiciens aient condamné le nouveau dérapage du trublion populiste, d’autres encore plus nombreux fustigent la décision du Conseil fédéral considérée comme une atteinte à la liberté d’expression.
Pour avoir une idée sur l’ambiance qui entoure cette affaire, dans l’éditorial de la ‘‘Tribune de Genève’’ du vendredi 19 novembre, on pouvait lire ceci: «En Suisse, mieux vaut être un dictateur libyen qu’un élu genevois qui exerce son droit à la liberté d’expression. Voilà le message inquiétant que le Conseil fédéral envoie à la population suisse en donnant son feu vert à la poursuite pénale contre Eric Stauffer.»
Comme quoi, l’arroseur peut continuer à arroser en toute quiétude. A suivre!
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