khemaies chammari 2 10Khémaies Chammari, figure de l’opposition à Bourguiba et Ben Ali et militant de longue date pour les droits de l’homme, a présenté sa candidature à l'Instance Vérité et Dignité, chargée du dossier de la justice transitionnelle.

Activiste politique, ancien membre du groupe de gauche radicale Perspectives Tunisiennes, Khemaïs Chammari a rejoint le Mouvement des démocratiques socialistes (MDS) à sa création en 1978, avant de le quitter en 1994, lorsqu’il a viré de son orientation démocratique initiale pour se rapprocher du système autocratique de Ben Ali. Son opposition aux régimes dictatoriaux de Bourguiba et Ben Ali lui a d’ailleurs valu plusieurs séjours en prison.

Membre fondateur de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), Khémaies Chammari a été de tous les combats pour la défense des droits de l’homme, en Tunisie, en Afrique et dans le monde arabe.

Membre fondateur du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH), il est considéré comme l’un des meilleurs experts tunisiens en matière de justice transitionnelle. Il a d’ailleurs mené trois missions dans ce cadre, une fois en Afrique du Sud et deux fois au Maroc. Son expertise dans son domaine est reconnue au niveau des Nations-Unies.

Autant dire qu’avec son CV et son parcours, la candidature de Khemaies Chammari à l'Instance Vérité et Dignité devrait passer comme une lettre à la poste.

Cette Instance sera composée, on le sait, de représentants des victimes, de la société civile, de juristes, sociologues, médecins, archivistes, spécialistes de l'information et de la communication et économistes. Le candidat doit être de nationalité tunisienne, avoir plus de 30 ans, être compétent, indépendant, impartial et intègre, ne jamais avoir été reconnu coupable d'infraction judiciaire, et n'être membre d'aucun parti politique ni de l'Assemblée constituante.

Il ne doit pas, non plus, avoir occupé un poste de représentation ou au sein du gouvernement à partir du 1er juillet 1955, ni avoir été gouverneur, secrétaire général de gouvernorat, premier délégué, délégué, omda ou tout autre poste exécutif dans une entreprise ou un établissement publics ou dans une communauté locale à partir du 20 mars 1956, ni avoir assumé une responsabilité partisane, sur les plans national, régional ou local, à l'intérieur ou à l'extérieur du pays, au sein du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) dissous.

Khémaies Chammari répond à tous ces critères et il y a de fortes chances que sa candidature soit soutenue par la plupart des responsables politiques, dans la Troïka comme dans l’opposition, qui ont, pour la plupart, bénéficié de ses appuis actifs dans les moments difficiles sous la dictature de Ben Ali.

Grande gueule au coeur tendre, Khemaïes Chammari, qui a occupé le poste d’ambassadeur de Tunisie auprès de l’Unesco au lendemain de la révolution de janvier 2011, n’est jamais aussi féroce que quand il s’agit de combattre une injustice et de défendre des victimes de l’arbitraire.

R. K.

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