Mustapha Ben Jaâfar a «remis à sa place» le ministre de l'Economie et des Finances qui reproche à l'Assemblée nationale constituante (ANC) sa lenteur...
Par Marwan Chahla
L'ANC, dont l'indice de popularité auprès des Tunisiens se rapproche de zéro, ne cesse de prolonger indéfiniment sa mission: élue pour un mandat d'une seule année, elle a poussé et repoussé sa «légitimité» de près de deux années supplémentaires. Inutile d'estimer le coût que cet agrippement des membres de l'ANC à leurs sièges représente pour la communauté nationale.
Il y a également un autre prix que la Tunisie est obligée de payer parce que les représentants du peuple, qui ont été élus le 23 octobre 2011, ne savent pas, ne veulent pas ou prennent beaucoup de temps pour faire leur travail: celui des retards pris sur un certain nombre d'accords internationaux, qui attendent toujours leur ratification...
L'incompétence, le manque de volonté et, peut-être même, le «je-m'en-foutisme» ou l'irresponsabilité des députés de l'ANC ont bloqué nombre de projets de loi et fini par irriter le ministre de l'Economie et des Finances, Hakim Ben Hammouda (voir Ben Hammouda: «Des prêts de 700 M$ bloqués par l'Assemblée»).
Pour le gouvernement de technocrates de Mehdi Jomaâ, qui opère sous la lourde contrainte de produire des résultats concrets, pareilles lenteurs sont déplorables. Le pays a des priorités et la feuille de route du Dialogue national a assigné à ce gouvernement des tâches urgentes et précises.
Mustapha Ben Jaâfar, dont la rapidité n'est pas la principale qualité, a une toute autre vision des choses: il accorde à l'ANC une autre vingtaine de jours, jusqu'à la fin du mois de septembre, pour compléter la Loi anti-terrorisme et quelques autres projets de loi qui attendent d'être adoptés. «Nous tenterons de répondre, dans les meilleures conditions, aux demandes formulées par le gouvernement sur un ensemble de questions et tiendrons compte des intérêts du pays et des engagements pris par la Tunisie avec des institutions financières», a-t-il dit.
Le président de l'ANC a ajouté à l'adresse de M. Ben Hammouda: «Jusqu'ici, me semble-t-il, c'est au bureau de l'Assemblée que revient la responsabilité de définir son agenda et son ordre du jour, de choisir les sujets de ses discussions et de fixer ses débats. A ce que je sache, monsieur le ministre de l'Economie a d'autres affaires à gérer».
Le futur candidat d'Ettakatol à la présidentielle de novembre 2014, grand arrondisseur d'angles devant l'Eternel, cherche-t-il, en cherchant ainsi la polémique, à affuter son style en perspective des batailles à venir?
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