Nous avons beaucoup hésité avant de publier la lettre des fils d’Abdelwaheb Abdallah. Nous avons cependant décidé de le faire, au risque d’en choquer quelques uns.


Notre position à ce sujet est claire. Les règles de la justice, comme celles du journalisme, donnent à tout être humain, fut-il le pire des criminels, le droit de présenter sa version des faits, surtout quand il fait l’objet d’un procès. Et c’est le cas de M. Abdallah, ancien Conseiller politique de Ben Ali, qui a été très impliqué dans le régime dictatorial mis en place par ce dernier en Tunisie au lendemain de son accession au pouvoir le 7 janvier 1987.
Par ailleurs, l’auteur de ces lignes et responsable de ce journal en ligne ayant été lui-même victime, à divers moments de sa carrière professionnelle, des manœuvres en coulisses de M. Abdallah et de ses pressions sur les directeurs des groupes de presse où il a travaillé, on ne peut raisonnablement lui reprocher de la complaisance à l’égard de ce dernier.
Kapitalis a d’ailleurs été parmi les médias tunisiens qui ont le plus dénoncé l’ancien système d’information mis en place par M. Abdallah et essayé d’en démonter les mécanismes, articulés autour du ministère de l’Information, de l’Agence tunisienne de communication extérieure (Atce) et du Conseil supérieur de la communication (Csc).
Aussi, quand Mehdi Abdallah, le fils cadet de M. Abdallah, nous a contacté pour nous demander la possibilité de donner sa version, ainsi que celle de ses frères, du parcours de l’ancien conseiller politique de Ben Ali et de la réalité de ses relations avec l’ancien dictateur, de son épouse, des membres de son clan et des piliers de son régime, nous avons répondu positivement.
Pourquoi Mehdi Abdallah s’est-il adressé à nous particulièrement, alors que nombre des ex-serviteurs zélés de son père, des collègues qu’il a propulsés sur les devants de la scène médiatique et qui ont beaucoup profité des largesses du système qu’il a mis en place, sont pour la plupart encore en place et qu’ils seraient mieux à même de renvoyer aujourd’hui l’ascenseur à leur bienfaiteur d’hier?
Nous avons bien sûr posé la question à Mehdi Abdallah, tout en voulant savoir si c’est son père qui l’a chargé de s’adresser à Kapitalis. Il a répondu avoir pris l’initiative à titre individuel, et au nom de ses frères, et qu’il s’est adressé à nous parce qu’il nous connaissait bien et qu’il nous faisait davantage confiance qu’à d’autres. Une confiance décidément bien tardive...

Ridha Kéfi

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