Nous avons reçu de notre lecteur Yassine Jeddi une réaction à notre article «Le Pdp c’est du costaud» sous le titre: «Démagogie et amalgames». Nous le publions, accompagné de notre réponse.


Je tiens à réagir à l’article paru dans vos colonnes sous le nom «Le Pdp c’est du costaud».
Quand vous dénoncez «des garde-corps bien baraqués, comme on en voyait souvent, avant le 14-Janvier, dans les meetings de qui vous savez», dois-je vous apprendre que Radès est un fief d’Ennahdha et qu’à Sfax, la veille, une jeune militante du Pdp a été agressée par un militant du parti islamiste?
Quand vous raillez «le couple», et que «Maya Jeribi» est vulgairement affublée de l’adjectif «dévouée», dois-je vous rappeler qu’elle est tout à fait légitime à la tête de ce parti et que contrairement à ce que vous tentez d’insinuer, c’est une femme tout à fait compétente?
Quand vous vous étonnez du fait que les jeunes présents soient originaires de la Mannouba et non de Radès… je me demande si vous avez déjà assisté à un meeting politique en Europe ou aux Etats-Unis? Pensez-vous vraiment que les militants présents viennent tous du quartier où a lieu le meeting?
Quand vous mettez en exergue le fleuriste ou le réparateur de pneus qui ne s’intéresse pas à la politique, pourquoi pas? Mais il faudrait le faire aussi quand vous parlez d’Afek Tounes ou du mouvement d’Abdelwahab El Hani. Mais cela ne contribue pas non plus à élever le débat; au contraire cela renforce le populisme, ce sentiment que les politiciens «sont tous pourris». Et l’on sait où mène ce genre de discours.
Tout ceci pour dire que ce genre d’articles n’élève en rien le débat politique, ce qu’on est en droit d’attendre d’une publication comme la vôtre, et ce dont a besoin la société tunisienne.
Il s’agit malheureusement d’un article qui fait la part belle aux amalgames, à la méchanceté gratuite et/ou qui démontre une grande méconnaissance de la vie politique démocratique.
Je tiens à préciser que je ne suis pas membre du Pdp et que je lis régulièrement les articles publiés par ce site dans lequel je n’ai pas vu autant de méchanceté ou d’agressivité vis-à-vis des autres formations politiques.

Yassine Jeddi

Réponse de la rédaction:
M. Jeddi, vous ne lisez visiblement pas Kapitalis, en tout cas vous n’en donnez pas l’impression. Si c’était le cas, vous auriez sans doute remarqué que nous faisons notre métier avec tous les partis, sans distinction, mais sans complaisance non plus. Nous les logeons tous à la même enseigne. Relisez-nous donc avant de nous faire des reproches déplacés.
Par ailleurs, votre argumentation est oiseuse, car on ne voit pas le lien entre les «baraqués du Pdp» et ce qui s’est passé à Sfax. Ceci justifie-t-il cela à vos yeux? D’ailleurs, la version de ce qui s’est passé à Sfax telle que présentée par le Pdp et acceptée par vous comme une vérité indiscutable, a été aussitôt démentie par Ennahdha. Doit-on prendre une seule version? Celle qui «vous» convient. Ce n’est pas notre vision du journalisme.
Visiblement, vous êtes mal informé et vous avez des partis-pris anti-Ennahdha. Ce n’est pas notre cas. Nous ne sommes ni pour ni contre aucun parti: nous informons les lecteurs-électeurs de ce qu’il risque de ne pas voir dans les flots de communiqués, de communication et de manipulations tous azimuts. C’est notre métier de journalistes: nous laissons le militantisme aux militants.
Par ailleurs, on ne pense pas que Mme Jribi serait vexée, autant que vous, par le qualificatif «dévouée», qui n’a rien de péjoratif, surtout en politique, domaine par excellence de la félonie. Etudiez les parcours des dirigeants de ce pays, qui pérorent aujourd’hui du haut des tribunes, et vous en aurez de bien belles illustrations.
Quand aux jeunes qu’on ramène par bus entier…, je laisse les lecteurs en juger.
Sur un autre plan: notre journaliste a été carrément harcelée par ces «baraqués». Et devant témoins. Elle l’a raconté comme elle l’a vécu: la peur au ventre. Dans les meetings politiques en Europe et aux Etats-Unis, que vous prenez maladroitement en exemple, les journalistes sont-ils traités de la sorte?
M. Jeddi relisez-nous et, surtout, relisez-vous. Sachez qu’avec ce genre de réaction contre les journalistes qui font honnêtement leur travail vous risquez de faire le lit d’une nouvelle dictature.

Ridha Kéfi