La première visite de Didier Reynders, en tant que ministre des Affaires étrangères belge, le mois dernier, en Tunisie, semble lui avoir inspiré un des thèmes de sa prochaine campagne électorale : la séparation de la religion et de l’Etat ! Un scoop ou une... méprise ?
Par Wajdi Khalifa, correspondant à Bruxelles
Interrogé par l’hebdomadaire belge ‘‘LeVif’’, le ministre se déclare opposé au fait de voir des élues voilées siéger au sein du Parlement fédéral belge, car cela ouvrirait la porte à des ministres voilées.
Le ministre poursuit l’interview en faisant le lien avec sa récente visite en Tunisie, et s’imagine, en femme voilée, rencontrer le président tunisien Moncef Marzouki : «Le président tunisien, qui se bat pour séparer l’Eglise de l'Etat, se serait demandé ce que je viens faire dans son bureau. Je n’aime pas ce double langage : on porte hors de nos frontières le message de la nécessaire séparation de l’Eglise et de l’Etat mais en Belgique on prône les accommodements raisonnables. Je souhaite une législation en la matière».
Marzouki reçoit Ryndners
En 2009, une députée d’origine turque, avait créée la polémique en prêtant serment avec son voile au sein du parlement régional bruxellois. Cette prestation de serment avait suscité l’indignation d’une série de personnalités politiques belges, dont les libéraux francophones du parti de Didier Reynders.
Cette sortie du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères intervient à quelques mois des élections communales (municipales) en Belgique, où le ministre sera candidat dans une périphérie de Bruxelles.
Plusieurs partis sont accusés de jouer la carte du communautarisme en faisant notamment campagne dans les mosquées, et en présentant des candidats de la «diversité» pour cibler la population musulmane, qui représente jusqu'à 20% de la population bruxelloise.
Le ministre dénonce cette situation : «Quant on mène campagne exclusivement dans les mosquées, il ne faut pas s’étonner de voir apparaître des extrémistes dans votre parti».
Dans le même entretien, le vice-Premier ministre, toujours inspiré par sa visite en Tunisie, appelle la Wallonie (partie francophone du pays) à réaliser son Printemps arabe à l’image des pays arabes. La Wallonie, dirigée par les socialistes, accuse un retard économique par rapport à la Flandre.
En quittant Liège pour Bruxelles, pour se présenter à ces élections, le ministre quitte aussi son poste de Consul honoraire de Tunisie dans la Province de Liège. Didier Reynders a fait savoir, via son directeur de cabinet, qu’il souhaitait renoncer à cette mission bénévole et que des démarches auprès des autorités tunisiennes avaient été entamées dans ce sens, pour laisser le poste à une autre personne.
Par ailleurs, des sources consulaires tunisiennes confirment un réexamen très prochain de tous les postes de consul honoraire, car ces derniers, dans leur grande majorité, étaient directement choisis par l’ancien président Ben Ali.
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