L’auteur, Français natif de Tunisie, qui s’est installé, à l’âge de la retraite, dans son pays natal, tire la sonnette d’alarme: une dictature islamique est en train de s’installer, plus répressive que celle que l’on a connue.
Par Jean-Louis de Sousse*
Je suis Français né en Tunisie, depuis toujours, je me suis dit que quand je prendrai ma retraite, j’irais m’installer en Tunisie avec mon épouse.
Mes parents sont également nés en Tunisie, mon père habitait Tunis, vers Bab Souika, ma mère, habitait chez ses parents à La Goulette.
Mon père travaillait au tramway qui est le TGM d’aujourd’hui, nous étions heureux. En 1958, il nous a fallu partir.
Pendant des années, je venais passer mes vacances dans diverses stations balnéaires avec toujours autant de plaisir.
Mon désir de revenir en Tunisie ne s’est jamais estompé et j’ai pu enfin concrétiser mon rêve.
Depuis quelques temps je me suis donc installé.
Mais depuis les choses ont évolués dans ce pays que je trouvais merveilleux.
La révolution était passée par là. Une si belle révolution dont j’étais aussi fier que si j’étais un vrai Tunisien, une révolution qui ouvrait en grand les portes de la démocratie. C’en était fini de la dictature, de la peur des gens qui ne pouvaient pas s’exprimer de peur d’avoir derrière lui un policier, enfin la liberté de penser.
Enfin, c’est ce que je pensais
Malheureusement, le réveil a été rude, en fait d’une vraie démocratie et la fin d’une dictature, ce que je retrouve est pire.
Pour le moment, j’ai l’impression de retrouver une dictature, mais une dictature islamique. Où est passée cette démocratie que tout le monde attendait? En fait, j’ai l’impression de faire un immense retour en arrière.
Une régression totale.
J’ai l’impression que la liberté chez le Tunisien, c’est de faire n’importe quoi. J’avais déjà fait quelques billets d’humeur sur ce site concernant notamment la circulation anarchique, un autre sur la saleté qui prend une tournure inimaginable.
Auparavant, quand j’étais en France j’étais fier de dire que la Tunisie était un pays très propre en comparaison avec l’Egypte qui m’étais apparu, lors d’un voyage, d’une incroyable saleté. Maintenant, tout doucement, la Tunisie prends le même chemin.
J’ai également fait un billet d’humeur sur la police que l’on trouve dans tous les coins de rues, mais il n’a pas eu les honneurs de la diffusion (peut-être que la censure est passée par là.)
Tous les jours quand je lis les différents articles, j’ai de nouvelles surprises.
Une dictature islamique est en train de s’installer tout doucement, plus répressive que celle que l’on a connue.
Ce gouvernement qui ressemble plus à une équipe de repris de justice qu’à une équipe gouvernementale. Qui prends des mesures «abracadabrantes», privilégiant son parti plutôt que les Tunisiens, voulant instaurer une rigueur inconnue jusqu’ici.
Le rêve des Tunisiens vire au cauchemar; espérons qu’ils vont se reprendre lors des prochaines élections, sinon, je pense que c’est la fin de libertés.
Les étrangers qui, comme moi, se réjouissaient de la vie dans ce beau pays risquent de faire leurs valises et les Tunisiens seraient définitivement privés de leurs libertés.
* L’auteur, qui a voulu garder l’anonymat par respect pour ses amis tunisiens, a préféré utiliser le pseudonyme Jean-Louis de Sousse.
Article du même auteur dans Kapitalis :
Pourquoi la Tunisie est-elle aussi sale?