altKhaled Abid, historien, répond au communiqué du ministère de la Défense en date du 7 septembre 2012, concernant la restitution des dépouilles des condamnés à mort du 24 janvier 1963.

 

Par Khaled Abid


Je ne peux, au début de cette lettre, que présenter mes plus hautes considérations au ministère de la Défense, qui a fait preuve dans cette affaire humanitaire d’un patriotisme exemplaire, chose que j’ai clamée avec emphase pendant la conférence de presse du 5 septembre dernier.

Je ne peux aussi omettre de dire – pour l’Histoire – que ces efforts sont le fruit de ma lettre ouverte adressée à monsieur le ministre de la Défense, Abdelkrim Zbidi, en date du 25 février 2011, publiée dans le journal arabophone  ‘‘Echourouk’’, et dans laquelle j’ai prié M. le ministre, au nom des principes de l’islam et de l’humanisme, de permettre aux familles des défunts de restituer les dépouilles de leurs chers et proches exécutés après le coup d’Etat de décembre 1962.
Ainsi, et en présence des familles et avec leur tacite accord, et comme il m’a été permis de parler en leurs noms, j’ai présenté quelques suggestions, que nous avions déjà esquissées avec la commission militaire dans la dernière réunion du 27 août 2012 et qui concerne particulièrement le lieu des funérailles et le cérémonial qui va l’accompagner.

Je vois, après cette précision ponctuelle et de taille, que je ne suis pas responsable de toute interprétation qui pourrait être faite de mes propos, surtout que les enregistrements audiovisuels existent et à pléthore chez les différentes chaînes télévisées présentes.

Je ne peux donc, et afin de dissiper toute équivoque et ambiguïté, dire que tout ce qui a été présenté n’était que des suggestions qui n’engagent en rien le ministre de la Défense qui, lui seul, détient la dernière décision.

Par ailleurs, je n’ai jamais prétendu ni maintenant ni dans le passé appartenir à la commission militaire chargée de poursuivre l’affaire des dépouilles que dans les strictes limites des déclarations faites aux médias. Aussi, faut-il souligner que le ministère de la Défense n’a jamais émis un démenti à mes différentes déclarations, particulièrement celle publiée par le journal ‘‘Essabah’’ en date 13 avril 2011 et dans lesquelles j’ai divulgué la réception qui m’a été accordée par monsieur le ministre de la Défense et son acceptation que je devienne la liaison entre les familles et le ministère.

Ce qui me chagrine et me rend triste est qu’une cause juste et un but noble soient détruits par un communiqué émis par le bureau de l’information et de communication du cabinet du ministère de la Défense. Car, contrairement à ce qui a été publié et diffusé, je n’ai jamais prétendu être l’interlocuteur ou le porte-parole de cette juste cause. Tout réside dans le fait que je voulais résoudre avec toutes mes forces ce lourd fardeau de la mémoire afin de réconcilier les Tunisiens avec leurs mémoires et Histoire.

Je pense qu’une telle initiative constitue pour moi un devoir d’Historien d’abord et puis une charge patriotique. Il m’incombe donc de prendre les devants afin de palier aux blessures de la politique et de ses dérives et que puisse enfin jaillir la transparence et la clarté dans la mémoire de notre peuple et seule l’Histoire sera juge de la bonne foi de chacun de nous!

Tunis le 10 septembre 2012

Traduit de l’arabe par Fayçal Cherif

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