Un seul mot d'ordre pour sauver la patrie des griffes des islamistes, illégitimes, putschistes, obscurantistes et criminels: occuper pacifiquement et en continu la rue et les lieux de pouvoir jusqu'à la libération définitive.
Par Mohamed Bouanane*
Après trois assassinats politiques, un putsch contre la légalité électorale et un feuilleton de dialogue anti-national de très mauvaise qualité et dont l'issue médiocre était prévisible, j'estime que les dés sont jetés et que les islamistes ont gagné la partie, non pas parce qu'ils sont plus nombreux dans la société ou parce qu'ils sont les meilleurs, mais parce qu'ils ont très bien compris la mentalité défaitiste et le niveau d'immaturité de l'écrasante majorité du peuple tunisien.
Un peuple immature et sans mémoire
Un peuple qui est dans l'ensemble fataliste, non combatif, naïf, immature, sans mémoire, sans culture de la citoyenneté et pas assez patriote! C'est surtout ce dernier point que les islamistes ont très bien saisi.
Un peuple sans mémoire, sans valeurs et sans principes, suiveur, privilégiant l'intérêt et les petits avantages très personnels et étroits aux causes nationales et patriotiques.
Un peuple qui s'émeut des histoires insignifiantes de mœurs, capable de développer des théories sophistiquées sur le mode de vie de ses voisins, ou soupçonner ceux qui réussissent sinon leur coller des rumeurs..., plutôt que de s'occuper de l'intérêt public ou s'indigner contre la corruption ou se révolter contre la non indépendance de la justice...
Un peuple qui aime manger, rigoler, parler pour ne rien dire, occuper les terrasses de cafés... souhaite que quelqu'un s'occupe de son avenir, recherche l'homme providentiel à qui s'accrocher, toujours prêt à servir par pur opportunisme, sans convictions ni efforts pour s'y impliquer pour le bien de la communauté...
Ce n'est pas par hasard que le Tunisien a excellé dans l'invention d'adages très significatifs de l'état de l'esprit du «citoyen» moyen: «Chanqa maa jamaa khlaa» (Être pendu avec le groupe est un pur divertissement), «Akhta rassi wa adhrab» (Epargne ma tête et frappe), etc.
Sinon comment expliquer son acceptation de vivre au milieu des détritus qui jonchent les rues des villes et des villages?
Sinon comment expliquer son engouement pour le culte de la personnalité?
Sinon comment expliquer son indifférence vis-à-vis de l'intérêt général et de la réussite collective?
Sinon comment expliquer son mépris du succès des autres?
Sinon comment expliquer son manque de combativité face aux imposteurs, pilleurs, criminels et voleurs?
Sinon comment expliquer son acceptation de la corruption et du pillage des deniers publics?
Sinon comment expliquer son indifférence vis-à-vis de l'enracinement de l'obscurantisme, de l'extrémisme et de la violence?
Sinon comment expliquer son défaitisme face à la médiocrité de ses gouvernants?
Sinon comment expliquer sa fascination pour le népotisme et le despotisme?
Sinon comment expliquer que le peuple tunisien ne se soit pas vacciner contre les erreurs du passé très proche, une dictature mafieuse qui a mis sous cloche tout un pays pendant 23 ans, pour accepter ou tolérer la naissance d'une nouvelle dictature plus mafieuse, obscurantiste, terroriste et de droit divin?
La mascarade du dialogue national.
L'obscurantisme et la destruction de l'Etat civil
La culture est, certainement, à l'origine de la fondation d'un peuple. Selon le contenu, les valeurs et les principes de cette culture, le peuple sera soit façonné pour bien tolérer, s'accommoder voire accepter l'extrémisme et la médiocrité, soit privilégier l'intérêt de sa nation et se dresser comme un seul homme pour refuser et combattre la médiocrité, le népotisme et l'obscurantisme.
Il me semble que les Tunisiens méritent bien les mensonges, la maltraitance, la violence, le terrorisme et l'obscurantisme de la part des plus médiocres et des plus criminels, tant qu'ils sont complices par leur silence assourdissant du pillage des richesses du pays et de la destruction de l'Etat civil.
Les Tunisiens ne réagiraient que quand ils auront faim (rien n'est sûr) ou quand les intérêts personnels très étroits de certains seront menacés. Mais jamais pour défendre fermement l'intérêt général et la patrie.
Une preuve de plus, ces pseudo-journalistes (de Zitouna TV) qui acceptent avec indignité et déshonneur de pratiquer la propagande en faveur de leurs maîtres, prêts à servir avec zèle le népotisme et la médiocrité, mais «se révoltent» quand il s'agit de salaires impayés.
S'agit-il d'un sort jeté aux Tunisiens pour qu'ils soient toujours prêts à collaborer avec les despotes même quand ces derniers détruisent la patrie pourvu qu'ils mangent à leur faim?
C'est pour cela qu'une nouvelle dictature remplace très vite et très facilement une ancienne déchue.
Le peuple tunisien d'aujourd'hui (et ce sera pire pour la nouvelle génération du déchu qui arrivera bientôt aux commandes) est en train de signer l'acte de son asservissement par des criminels obscurantistes, sans foi ni loi, les «khawarijs» (kharidjites) du 21e siècle, et ce pour une durée indéterminée, mais certainement plus longue que la précédente dictature et plus destructrice de ce qui reste de l'Etat tunisien et de la citoyenneté.
Haro sur les putschistes!
Le projet de cette nouvelle dictature de droit divin est le colonialisme d'une population pour en faire des esclaves de la médiocrité au service des désirs de maîtres ignares et craignant Dieu.
Il faut être naïf pour croire à la bonne volonté des participants islamistes et leurs tentacules en prenant part au pseudo-dialogue. Toutes les étapes sont minées. A chaque étape (choix du Premier ministre, des ministres, des membres de l'Instance supérieure indépendante pour les élections, du mode de scrutin...), soit vous acceptez la proposition des obscurantistes, soit le film est menacé de suspension.
En même temps, les islamistes et leurs tentacules continuent leur travail de sape de ce qui reste de l'Etat et de mise sous tutelle de l'administration, de la justice, des forces de sécurité et des affaires juteuses.
Les putschistes ne partiront que suite à un coup de force. Un seul mot d'ordre pour sauver la patrie des griffes des illégitimes, putschistes, obscurantistes, criminels et terroristes: occuper, le plus tôt possible, pacifiquement et en continu la rue et les lieux de pouvoir jusqu'à la libération définitive.
Plus on attend, plus la secte du mal s'enracine et allonge son règne illégitime par la force et la ruse. Le réveil salvateur est pour aujourd'hui, sinon les dés seront jetés et les jeux seront faits pour l'éternité.
A l'occasion du cinquantenaire de l'assassinat de John F. Kennedy, qui vient d'être commémoré, posons nous la question : «Que pouvons-nous faire pour notre patrie qui nous a tant donné?».
Alors, Tunisiens libres, réveillons-nous, répondons à l'appel de la patrie occupée et martyrisée, et faisons le bon choix de sa libération des griffes du terrorisme et de l'obscurantisme, la Tunisie a tant besoin de nous.
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