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Il faut que la communauté internationale mette fin au plus vite au désastre humanitaire à Gaza et participe à la reconstruction de ce territoire détruit par l'armada israélienne.

Par Jamila Ben Mustapha*

À l'occasion de cette guerre, si Israël s'est complètement déconsidéré sur le plan moral, seules, les sociétés civiles du monde ont réagi contre ses frappes sur Gaza par de grandes manifestations, et un certain nombre uniquement de pays d'Amérique latine, à la suite d'une position qui ferait honte aux États arabes et à leur Ligue, les ont fermement condamnées, en prenant, à l'encontre de leur auteur, des sanctions concrètes comme la fermeture de son ambassade dans leurs capitales.

La solidarité des uns, la coonivence des autres

Mais cela prouverait que la solidarité entre les êtres humains, lorsqu'elle est fondée sur des principes universels et des valeurs morales, est de loin supérieure à celle basée, seulement, sur la race, l'histoire commune ou la religion.

Et peut-être que ce silence, cette connivence mondiale qui ne font que grandir, avec le temps, concernant le conflit palestino-israélien et ne finissent  pas de nous scandaliser, ne seraient pas si étonnants que cela.

En effet, ce que nous montre souvent l'Histoire, c'est que les crimes que les groupes humains ont exercés les uns sur les autres sont rarement dénoncés et reconnus sur-le-champ, lorsqu'il est capital alors, pour les victimes, que cela soit fait.

Il existe une grande capacité de déni face à l'iniquité lorsque les intérêts politiques sont en jeu. On reconnaît volontiers l'injustice passée parce qu'il n'y a plus aucun risque à prendre, mais on est aveugle devant l'injustice présente. On finit par la reconnaître, mais avec le retard d'une ou de plusieurs générations.

Manifestation-pour-Gaza-a-Paris

Manifestation de solidarité avec Gaza et contre Israël à Paris.

L'esclavage subi par les Noirs pendant des siècles, reçoit actuellement la désapprobation de tous: c'est une condamnation qui n'implique aucun enjeu et ne coûte rien. Même chose pour l'éradication des Indiens d'Amérique. Maintenant qu'elle est en voie d'achèvement, elle peut faire l'objet d'une dénonciation mondiale sans gloire: il y a un certain cynisme à reconnaître le Mal, une fois seulement qu'il a été entièrement accompli.

On pourrait aussi tenter une explication au silence et à la complicité inconditionnelle des pays occidentaux vis-à-vis d'Israël; leur acharnement contre les Arabes qui, dès qu'ils condamnent la politique d'Israël, se voient qualifiés d'antisémites, aurait une fonction psychologique précise: transférer de façon totalement injuste, des Occidentaux vers les Arabes, leur grand sentiment de culpabilité né du crime passé de l'holocauste et du meurtre de six millions de Juifs par les Nazis et leurs collabos. Les Arabes joueraient alors le rôle de «têtes de Turc», si l'on peut dire, de «boucs émissaires» ou de «dindons de la farce».

Un trait fondamental de la propagande de l'État israélien est de ramener au maximum toute revendication politique à une attitude raciste.

Les Palestiniens se voient ainsi doublement pénalisés; non seulement, ils ont perdu la presque totalité de leur pays, mais sont systématiquement traités de terroristes ou d'antisémites, chaque fois qu'ils tentent de résister militairement à l'envahisseur, ou qu'eux-mêmes et les sympathisants de leur cause manifestent une position anti-israélienne ou antisioniste.

Ils ont ainsi, ont, non seulement subi une terrible injustice, mais se voient, punition supplémentaire et terrible, refuser le statut de victimes, statut sur lequel les Israéliens veulent garder un monopole éternel et exclusif.

Et, il est frappant de constater comme les extrémistes israéliens et les wahhabites takfiristes utilisent, au fond, le même procédé: jeter l'anathème du déni aveugle en déformant systématiquement l'attitude de l'ennemi politique. Les premiers le feraient de façon cynique car ils ont acquis le stade de la pensée scientifique et rationnelle, et l'attitude des autres s'expliquerait par une sorte de simplisme intellectuel.

La supériorité technique et scientifique dont les Israéliens sont capables serait ainsi associée à une régression, à une perversion voulue de la pensée politique. S'ils évitent et dévient toute accusation politique d'injustice en criant à l'antisémitisme, les wahhabites, eux, traitent de mécréants, de «koffars» – donc susceptibles d'être châtiés par la mort – tous ceux qui n'ont pas la même conception obscurantiste de l'islam qu'eux.

A côté du fusil, le livre...

En cette période du 21e siècle où l'invention du portable et des réseaux sociaux ne nous protège contre la vision d'aucune horreur, systématiquement filmée, il existe deux types d'images provenant de Gaza: celles qui sont insoutenables et sur lesquelles nous avons quelquefois le malheur de tomber sur Facebook par exemple, et une toute petite minorité d'autres qui, quoique toujours tristes, montrent qu'après tout désastre, une fois le choc passé, la vie reprend ses droits.

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Une jeune fille de Gaza ramasse ses livres parmi les décombres de sa maison.

On nous montre ainsi, sur une photo, un enfant jouant au ballon alors que tout n'est que décombres et désolation autour de lui; ou des femmes s'activant à fabriquer les gâteaux de l'Aïd quand la guerre gronde autour d'elles. Mais, surtout, une photo a plus fait le tour des réseaux sociaux que les autres: une jeune fille à la robe vert amande cherche et ramasse ses livres parmi les décombres de sa maison.

Ce qui frappe sur le visage de l'enfant, c'est son contentement d'avoir retrouvé quelques-uns de ses livres. Pourrait-on épuiser les significations multiples qui jaillissent de cette image ? Elle voudrait dire ainsi que vivre, aussi faibles que soient nos moyens, n'est pas autre chose que tenter de construire ou de reconstruire? Que l'acquis le plus précieux pour un peuple démuni, n'est pas le bien matériel, mais l'instrument de savoir? Qu'à côté du fusil, il y a aussi l'arme du livre qui est plus efficace, à long terme? Que la génération à venir, représentée par cette petite fille au visage serein, pourrait éviter les impasses et trouver enfin, la voie juste pour survivre ?

En conclusion, après ce désastre humanitaire, une évidence s'impose, dans l'immédiat: les hostilités devant être arrêtées au plus vite, il faut que la communauté internationale, qui en a largement les moyens, participe le plus rapidement possible, à la reconstruction de Gaza.

* Universitaire.

 

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