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L'islam politique a été défait par les urnes, mais le triomphe de la Tunisie moderniste et progressiste ne doit pas aboutir au retour de l'ancien régime.

Par Dr Salem Sahli*

«Désormais les masques sont tombés et le peuple tunisien ou du moins son écrasante majorité sait à quoi s'en tenir. Ces quinze mois de règne du mouvement Ennahdha nous ont au moins ouvert les yeux et permis de recadrer notre position sur la place de l'islam politique dans notre pays.»

La Tunisie a dit NON à l'islamisme politique

C'est en ces termes que je réagissais dans un article intitulé ''Lettre aux Nahdhaouis : On n'entre pas à reculons dans l'avenir'', publié le 28 février 2013, par Kapitalis, à ceux qui prétendaient «ré-islamiser» la société tunisienne et qui, ce faisant, avaient gravement terni l'image de notre religion.

Et malgré le désenchantement et la tristesse que je ressentais, je n'avais jamais perdu espoir et je demeurais convaincu que toutes ces régressions vécues en ces 2 années de gouvernement intégriste ne seraient in fine qu'une parenthèse dans l'histoire de la Tunisie, un mauvais souvenir qui ne résisterait pas à l'œuvre du temps.

Je ne m'étais pas trompé. Le 26 octobre 2014, la Tunisie a dit NON à l'islamisme politique de façon claire, franche et massive. Et, contrairement au scénario égyptien, elle l'a fait par la voie démocratique, au travers des élections et non par la force des armes. C'est un jour mémorable à marquer d'une pierre blanche dans les annales politiques de notre grand/petit pays. Ah, qu'il fait bon être tunisien!

Maintenant que la messe est dite, que le nouveau paysage politique tunisien est connu de tous, j'espère que les désormais deux grands partis à savoir Nida Tounes et Ennahdha sauront enterrer la hache de guerre et penser vraiment à l'intérêt de la nation.

Ennahdha, habitué au verbe haut fait profil bas. Ses militants, déboussolés par les résultats des élections législatives, ne comprennent pas ce qui leur arrive. Certains font grise mine, d'autres, le faciès livide, ont beaucoup de peine à digérer la défaite. Forts de leur électorat fidèle et satisfait des divisions de leurs adversaires, ils croyaient dur comme fer en la victoire et s'apprêtaient à rempiler pour une législature de 5 ans. Il va falloir désormais qu'ils s'y fassent, les urnes sont têtues et Ennahdha est minoritaire dans le pays.

La peur du retour de l'ancien régime

Quant au parti vainqueur des élections, Nida Tounes, sa victoire a certes soulagé beaucoup de nos compatriotes, mais elle a en même temps ravivé des peurs chez une frange non négligeable de l'opinion. La peur de voir l'ancien régime renaître de ses cendres. En effet, nous voyons ici et là dans différentes régions du pays, les potentats locaux du RCD et les soutiens de l'ancien pouvoir qui relèvent la tête et tentent de réinvestir la place publique. Ce spectacle gâche un peu notre fête.

Gageons que les leaders de Nida Tounes sauront tirer tous les enseignements du scrutin du 26 octobre 2014 et demeurer fidèles aux vraies aspirations du peuple tunisien. Et je ne pense pas un instant que ce dernier ait jamais réclamé un retour à la case départ.

Oui, la messe est dite, mais il nous faudra, nous acteurs de la société civile, demeurer vigilants, mobilisés, revendicatifs... pour ne pas être encore une fois les dindons d'une farce en préparation.

* Président de l'Aere Hammamet.

 

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