Abdellatif Ben Salem, intellectuel tunisien résidant à Paris, nous a fait parvenir le billet reproduit ci-dessous où il apporte des infos sur la mission de Mabrouka M'barek à Quito.
Par Abdellatif Ben Salem
J'ai pu, grâce à ma connaissance de la langue espagnole, écouter, en traduction simultanée, les interventions de l'ex-députée du Congrès pour la république (CpR) Mabrouka M'barek, Mariem Ben Abid (Nawaat) et Jihen Chandoul, toutes trois «invitées» à une conférence tenue à Quito, en Equateur, pour parler de la problématique de la dette odieuse. Il serait trop long de résumer la totalité des trois interventions (90 minutes approximativement).
Toutefois, je relèverai trois ou quatre points qui ont suscité mon étonnement:
1- Mabrouka M'barek s'est présentée en tant qu'élue de l'Assemblée nationale constituante (ANC), mais aussi comme conseillère du président provisoire de la république Moncef Marzouki, ce que ses propres concitoyen-ne-s ignoraient jusqu'ici. Peut-elle nous fournir de plus amples explications sur ce statut et ce cumul de postes resté secret?
Avant de commencer son intervention (par ailleurs très superficielle), Mabrouka Mbarek a averti l'assistance qu'elle se trouve malheureusement dans l'obligation d'écourter son séjour à Quito parce qu'il y a eu un coup d'Etat en Tunisie (!) et que la contrerévolution cherche à dissoudre toutes les institutions élues et à restaurer à nouveau la dictature de Ben Ali !? (Je rappelle que nous sommes le 30 juillet 2013, soit cinq jours après l'assassinat du dirigeant du Front populaire Mohamed Brahmi).(1)
Mme M'barek a déploré, au passage, la méconnaissance de la réalité tunisienne, et regretté qu'au lieu de parler des efforts pour lutter contre les inégalités et la pauvreté, les médias ne voient qu'islam politique, terrorisme et assassinats politiques!
2- Qui a invité et payé le voyage à Quito de la blogueuse Mariem Ben Abid... pour qu'elle présente Nawaat pendant plus de 30 minutes comme un média de masse et indépendant, spécialisé dans la révélations des scandales de corruption et des fraudes économiques? Pourquoi Nawaat précisément et pas un autre média et quel rapport avec cette conférence qui se voulait internationale. Qui a payé le voyage et le séjour de l'intéressée?
3- Jihen Chandoul est, à notre connaissance, membre de l'Observatoire Tunisien de l'Economie, très impliquée dans le débat sur la dette odieuse. Qui l'a invitée, elle aussi, et au frais de qui a-t-elle pu joindre Quito?
On aimerait que Mabrouka Pam-Papa-Poum, et la présidence de la république, éclairent les lanternes des lecteurs de Kapitalis sur ces sujets.
Note:
(1) Avant de commencer la projection de la vidéo préparée par Jihen Chandoul, Mabrouka Mbarki a tenu, avant même d’entamer son intervention, à faire cette mise au point que nous reproduisons dans son intégralité telle qu’elle a été traduite simultanément par l’interprète du service, nous en offrons ensuite la traduction française :
[…] Antes de comenzar, quisiera decir de qué ustedes estén seguiendo lo que esta sucediendo en Tùnez. Nosotros estamos sujetos de un golpe de estado y es una de las razónes por los cuales yo tendré que acortar mi estadía, tengo que regresar inmediatamente. Eso esta convertiendo en la siuación de Tùnez que las fuerzas contrarevolucionarias están tratando de disolver todas las instituciónes para que regresemos al régimen dictatorial. Lamentablamente se materializó en dos asasinatos y la muerte de un asembleista el dia jueves. Lo menciono porque algo esta sucediendo. Cuando uno se entera de las noticias internaciónales, se habla sobre terrorismo y también islamismo y la gente que mata a otra gente, pero no esta hablando de que actualmente un consejo de ministros discuta sobre un nuevo código de inversión que no sirve de nada en Tùnez […]…
[…] Avant de commencer, je voudrais dire ceci, je sais que vous suivez l’actualité en Tunisie. Nous sommes victimes d’un coup d’Etat, raison pour laquelle je me trouve contrainte d’écourter mon séjour, car je dois rentrer immédiatement. Ces événements risquent de provoquer des changements en Tunisie, car les forces contre-révolutionnaires sont en train de tenter de dissoudre toutes les institutions élues pour permettre le retour au régime dictatorial. Malheureusement, cela s’est soldé par deux assassinats ainsi que la mort d’un élu de l’Assemblée constituante. Je tiens à faire cette mise au point parce que quelque chose est en train de se passer en Tunisie. Quand on jette un coup d’œil sur l’actualité internationale, on ne parle que de terrorisme, d’islamisme et des gens qui tuent d’autres gens, mais on omet de mentionner qu’en ce moment même se tient un conseil des ministres pour discuter de l’élaboration d’un nouveau code d’investissement dont la Tunisie n’a que faire […]
Traduction de l'espagnol par ABS
Article lié :
Scandale à Carthage : Mabrouka M'barek, l'ex-députée choyée par Moncef Marzouki (vidéo)
{flike}