Le chef du gouvernement devrait nous dire clairement où en est la situation financière du pays et si l'Etat dispose d'assez de ressources pour faire face à ses engagements.
Par Khaoula El Cadi*
Après un dernier trimestre 2014 rythmé par un triathlon électoral et un mois de janvier 2015 cadencé par les tractations politico-politiciennes pour donner vie à un gouvernement, qui a bénéficié du vote de confiance de l'assemblée, nous avons espéré un mois de février marqué par des actions audacieuses et courageuses de nos chers ministres. Mais voilà que ce mois février a été ponctué par les visites du chef du gouvernement et de ses ministres aux quatre coins de la Tunisie. Avaient-ils vraiment besoin de tout ce va-et-vient pour tracer leurs plans d'action et définir leurs priorités?
Ce gouvernement est issu, en majorité, de partis politiques qui ont remporté les législatives sur la base de programmes électoraux censés être mis à exécution.
Seule donnée non maîtrisée par ces partis avant leur accession au pouvoir c'est la situation économique et financière «réelle» du pays que nous pressentions catastrophique depuis au moins trois ans!
Nos chers gouvernants auraient mieux fait de rester dans leurs bureaux car c'est au niveau de leurs ministères respectifs, des rouages et des méandres de l'administration publique que résident les solutions, étant donné que les problèmes ont déjà été signalés par une infinité de rapports, d'audits et d'études. Et des solutions ont également été préconisées...
Le mois de mars a commencé avec une secousse: le mouvement des enseignants qui boycottent les examens de fin du deuxième trimestre, mais assurent les cours d'une manière normale! L'agitation des enfants, hier matin, devant les collèges et lycées ne laisse pas entrevoir cette supposée normalité.
Le mal étant fait, il ne faut pas faire machine-arrière et le gouvernement doit rester ferme et maître de la situation. Le ministre de l'Education n'a-t-il pas dit que les ressources de l'Etat sont comptées?
Le chef du gouvernement devrait nous dire clairement où en est exactement la situation financière du pays et des moyens budgétaires dont l'Etat dispose pour faire face à ses engagements. On nous en a, certes, parlé, à maintes reprises, mais à demi-mot. Tout ce que nous en savons c'est que nous sommes en train de contracter des emprunts pour payer les salaires !
Et dans la foulée, le chef du gouvernement devrait prendre des décisions impliquant la compression des dépenses de l'Etat pour rassurer les citoyens que les mesures d'austérité ne ciblent pas uniquement le citoyen lambda, mais qu'il s'agit d'un plan national de sauvetage auquel tout le monde doit apporter sa contribution.
Réveillons-nous et soyons solidaires pour que vive la Tunisie!
* Citoyenne tunisienne.
Illustration: Le chef du gouvernement Habib Essid multiplie les visites dans les régions, mais est-ce la solution aux problèmes déjà largement diagnostiqués?
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