Nejib Tougourti écrit – A l’occasion des examens scolaires et universitaires, une nouvelle force, appelée opinion nationale, a su imposer le respect et le silence à toutes les voix qui cherchent à faire avorter la transition démocratique.


Les tentatives d’exercer une emprise sur l’opinion publique nationale, de parler en son nom, de la manipuler et lui dicter ses réactions, vont bon train, depuis le début de la révolution.

 

Ne pas se laisser abuser manipuler
D’aucuns réinventent les valeurs citoyennes, d’autres tentent d’obtenir, non sans arrières pensées, et au milieu d’accusations mutuelles et de procès d’intention, un engagement des différents courants politiques à respecter un certain nombre de principes, ayant trait aux libertés fondamentales, au code du statut personnel et aux droits de la femme.
Des débats, parfois houleux et passionnés, dit-on, mais qui se déroulent, paradoxalement, derrière des portes fermées, loin des regards de la population, gardée à l’écart et superbement ignorée.
Cette dernière, traitée dans la pure tradition de l’ancien régime et son parti unique, se voyant méprisée, a réagi avec une totale indifférence à ce qui ne lui semble correspondre qu’à un échange de tirs de sommation, visant à explorer les aptitudes de l’ennemi et ses réflexes de riposte, entre factions politiques rivales.
D’autres exemples témoignent de la capacité, démontrée par la majorité des Tunisiens, à ne pas se laisser abuser par les jeux et manipulations des médias qui, tantôt, essayent de la monter contre les grévistes ou détourner son attention par des récits croustillants sur l’ancien président et sa famille, tantôt, tentent de lui faire peur, en distillant des informations alarmistes sur la situation économique du pays et les périls terroristes. Cette même majorité, tout en déplorant les affrontements récents, de Métlaoui, s’est, bien gardée, d’attribuer à ces évènements, une dimension démesurée, que ses instigateurs, ont cherché à leur donner
L’opinion nationale se plaint – d’une façon répétée, si on fait foi aux différents sondages –  d’être peu ou mal informée, sur les enjeux réels de la situation géopolitique actuelle, la signification des évènements, les différentes formations politiques et leurs intentions et l’importance de certains détails techniques, concernant, par exemple, les élections.
Cet état est, bien sûr, très préjudiciable au rôle qu’elle doit jouer, en tant qu’un acteur principal de la scène politique. Il est en partie lié à la situation, catastrophique, des médias officiels, laissés dans un état cachectique et de profonde léthargie, après la chute de l’ancien régime. Les regards se tournent, bien évidemment, vers nos professionnels de l’information appelés à commencer, dès maintenant, un véritable travail d’éducation et de formation de masse, sans démagogie ni pédanterie, qui doit être mené avec doigté et pédagogie et qui permettra, le jour des élections, aux Tunisiens, de choisir d’une façon, certes libre, mais aussi éclairée. C’est une condition primordiale à l’exercice de la démocratie.

Une transition douce mais sans concessions
Les Tunisiens  continuent à avancer, confiants, dans la voie qu’ils ont choisie, d’une révolution, calme et réfléchie, qui lentement, mais sûrement, pose les jalons d’une transition douce mais sans concessions qui rompra, définitivement et progressivement, avec toutes les pratiques du passé et ses abus. Ils semblent bien résolus à obtenir une réparation complète pour toutes les victimes de l’ancien régime et punir tous ceux qui ont commis des crimes contre le pays et les citoyens. Avec l’expérience de vieux routiers de la politique et leur patience légendaire, ils continuent à traquer leurs adversaires, encore nombreux, dans leurs derniers retranchements, pour les mettre, définitivement, hors d’état de nuire. Leur relative assurance, ils la tirent de leur conviction d’avoir, en grande partie, détruit les puissantes et longues tentacules de la pieuvre géante de la pègre politique, qui  a mangé de leur chair et bu de leur sang, durant plus de vingt ans. Ils auront sans doute à faire face à de nouvelles tentatives, à coups de grandes sommes d’argent, de larges campagnes médiatiques, d’achat de votes, de manipulation des résultats des prochains scrutins, pour réintroduire dans leur pays de nouveaux monstres marins, plus dangereux et cruels. Une forte implication de nos professionnels de l’information et de la formation politique de masse est requise pour les aider à déjouer les multiples pièges qu’on ne manquera pas de leur poser et, aussi, pour les éclairer d’une façon objective et neutre sur les choix qui se présenteront à eux et leurs enjeux.

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