Fathi Bchir * écrit – En réponse à la question ‘‘A quoi sert encore l’Instance Ben Achour?’’, titre d’un article publié par Kapitalis, le confrère répond: pourquoi trop en attendre?


A la lecture de cet article, deux questions me viennent d'emblée à l'esprit:
1/ quel est le mandat de cette instance non élue composée de ce que l’on peut appeler de «gens de bonne volonté» mais sans légitimité.
Compte tenu de telles limites, elle ne pouvait et ne peut avoir qu’une faculté d’initiative et de proposition. Elle n’a pas les compétences légales pour toute fonction exécutive. D'où la... légère contradiction dans l’article entre «que fait-elle» et «pourquoi ne réagira-t-elle pas aux évènements»? Elle n’a pas à réagir. En tant que citoyens, membres d’un parti ou non, ses membres ont un droit d’avis, mais l’instance en tant que telle, absolument non.
Outre cet aspect, il y a aussi le risque de livrer ses débats à toutes les tentatives de coups de sang conjoncturels, de diversion, de manipulation, etc. La liste est longue des possibilités de dérive. Donc, en résumé, pourquoi trop en attendre?
2/ Dans le contexte actuel, tout le monde cherche à tirer profit: du citoyen qui cherche à améliorer son ordinaire ou à se rattraper sur un tort passé, à l’exclu du sérail hier et qui veut se remettre en selle notamment par la création d’un micro-parti composé de sa famille; pour finir à la fameuse instance et même au «gouvernement d’expectative» et au «président garde-fauteuil jusqu’à ce que». Le vrai patriotisme serait de ne pas céder aujourd’hui à la tentation de profiter du moment. Mais la raison est-elle de ce monde?
Il faudrait, à mon humble avis, «geler» la situation jusqu’aux élections. Ne plus permettre à quiconque de nommer des ministres, des gouverneurs, des ambassadeurs, etc. Mais se borner à «gérer les affaires courantes». Jusqu’après le 24 octobre.
Parmi ces affaires, il y en a où la décision ne peut attendre: l’économique et la solidarité sociale (je dis bien la solidarité sociale et non la politique sociale, juste parer aux situations d’urgence). Dans ce domaine, désigner un comité de salut public économique composé des ministres en charge de secteurs économiques, les directeurs généraux des offices nationaux (Cepex, Api, Fipa, Ontt, etc.) et, surtout, garder la tête froide, ne pas se perdre dans des débats oiseux qui souvent ressemblent à ces discussions stériles entre catholiques sur «le sexe des anges».

http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/5366-tunisie-a-quoi-sert-encore-linstance-ben-achour.html