Droit de réponse de l’Association tunisienne des grandes écoles (Atuge) à l’article ‘‘Tunisie. Que se passe-t-il réellement à l’Utica’’, publié le 27 avril dans Kapitalis.
Par Amine Aloulou*
Dans votre article ‘‘Tunisie. Que se passe-t-il réellement à l’Utica’’, vous affirmez que l’Atuge est une «association satellite» de je ne sais quel parti politique et qu’elle est au premier rang d’un projet de «mainmise exclusive sur l’Utica»…
Inconsciemment, et de bonne foi je présume, vous lancez avec une légèreté étonnante des affirmations sans fondement et dont vous ne semblez pas mesurer la gravité.
Au risque de détruire un mythe ou un fantasme au sujet de l’Atuge, je dois vous dire que les «Atugiens», comme vous les appelez, ne sont rien d’autre que de simples citoyens tunisiens comme tous les autres. Leur seule particularité est d’avoir été sélectionnés par le système scolaire national tunisien pour suivre un cursus de formation un peu particulier dans les grandes écoles françaises, ni plus, ni moins.
Les «Atugiens», pour démystifier un peu plus, sont 4.000 personnes, dont la moitié vit à l’étranger. D’une grande diversité de profils, ils sont enseignants-chercheurs, cadres, dirigeants d’entreprises et entrepreneurs dans tous les secteurs économiques. Ils sont surtout pour leur tiers des étudiants et des jeunes diplômés, très loin de l’image dont vous vous en faites.
Comme tout citoyen tunisien, ils ne se limitent pas une étiquette «Atuge» et ont des tas de convictions, d’opinions, d’activités et d’affinités associatives, politiques, sportives, régionales, culturelles diverses et variées … Leurs convictions et leurs activités (même s’ils sont membres de l’Atuge) sont des libertés individuelles qui ne regardent en rien l’Atuge et n’ont rien à voir avec l’Atuge en tant qu’institution.
Enfin, l’Atuge n’est pas l’instrument de qui que ce soit. L’Atuge est une association et une institution indépendante et apolitique depuis plus de 22 ans. Elle l’a été et a réussi à le rester contre vents et marées avant la révolution. Elle entend bien le rester et le restera toujours même si la politique est désormais partout dans notre société et même si nos membres, comme tous les Tunisiens, sont forcément plus politisés et plus engagés dans l’espace public duquel ils étaient exclus comme la grande majorité de nos concitoyens…
Tout ça est basiquement évident, mais il est bon parfois de appeler les évidences surtout par les temps de confusion généralisée qui courent.
Ce que vous pensez être une «analyse» est en fait bâti sur un raccourci intellectuel et une malheureuse confusion entre des activités que vous imputez à des gens que vous vous empressez de résumer à une étiquette «Atugien» pour finir par désigner l’Atuge en tant qu’association ou institution... La nuance est de taille mais il est vrai que le raccourci est un peu facile et que la facilité est un sport national dans notre pays.
Les mots (surtout pour un journaliste) veulent dire quelque chose. Les confusions et les amalgames peuvent être excusables pour des racontars de café (et Dieu sait si les Tunisiens sont doués dans cet art) mais quand on est journaliste et qu’on prétend faire une analyse, il y a un minimum de rigueur et une certaine déontologie à respecter et que je me vois au regret de devoir vous rappeler car, sans vous en rendre compte, vous nous avez insulté et diffamé gratuitement.
Je vous prie donc de bien vouloir publier ce droit de réponse et de rectifier l’inexactitude de votre publication qui nuit à une association qui ne le mérite certainement pas et qui a plutôt l’habitude de laisser parler ses actions et se projets plutôt que de parler d’elle-même.
Enfin, si vous voulez vraiment savoir ce qu’est l’Atuge, alors le plus simple est de nous contacter, ou même plus simple encore de visiter notre site et découvrir nos activités car nous n’avons pas la prétention d’être autre chose que ce que nous faisons simplement et concrètement.
* Vice-président de l’Atuge.
Note de la rédaction:
M. Aloulou est dans son droit de défendre ce qu’il tient pour l’identité et les missions de l’association dont il est le vice-président. Il n’en demeure pas moins que la réalité des institutions ne se résume pas, souvent, à l’image qu’elles ont d’elles-mêmes, et que l’image que l’opinion publique en a tient beaucoup de la manière dont elles sont généralement perçues. L’action des institutions, les positions de leurs membres et les faits et gestes de ces derniers participent beaucoup à ce que l’auteur qualifie de «confusions» et d’«amalgames». De là à parler de «diffamation», il y a un pas que l’auteur aurait pu éviter de faire…
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